Elections législatives en Espagne
Des supporters de Podemos à Madrid, le soir du 20 décembre.

“Rien ne sera plus comme avant”

Lors des élections législatives du 20 décembre, pour la première fois depuis le retour de la démocratie, en 1978, le bipartisme traditionnel ne fonctionne plus. La presse espagnole prend acte de la fin d’une époque et réfléchit aux possibles coalitions.

Publié le 21 décembre 2015 à 15:14
Des supporters de Podemos à Madrid, le soir du 20 décembre.

Le Parti populaire (PP) du Premier ministre sortant Mariano Rajoy arrive en tête, suivi du Parti socialiste (PSOE) et des deux formations qui sont venues bouleverser le systeme, Podemos à gauche et Ciudadanos au centre.

Pour El País, “la législature sera basée sur un Parlement de minorités, dans lequel aucun parti n’aura la force suffisante pour agir seul, car tous sont loin d’avoir obtenu la majorité absolue”. C’est pour cela que le quotidien affirme que

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Le nouveau système sorti des urnes n’implique pas une révolution, mais bien un changement majeur . […] Il faudra apprendre à cohabiter avec un scénario de minorités parlementaires, qui doivent donner le meilleur d’elles-mêmes pour doter le système de stabilité. […] En définitive, après quatre années pendant lesquelles le dialogue politique a brillé par son absence, les partis doivent reprendre la voie de la négociation pour affronter les problèmes de notre pays. C’est le meilleur moyen.

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Le système politique espagnol a perdu cette nuit la stabilité des vastes majorités, qui étaient devenues sa devise depuis 1978”, affirme ABC, pour qui il

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entre dans un inquiétant processus d’italianisation, dont les avantages concrets ne sont pas évidents de prime abord, malgré l’euphorie logique des tous nouveaux Podemos et Ciudadanos. […] Rajoy devra gouverner, en cherchant une honorable solution de coalition à l’allemande, face à la fragmentation qu’ont concocté les urnes. Le PP et le PSOE, les deux partis de gouvernement historiques, doivent avoir de la hauteur de vue et s’entendre, d’autant plus dans un pays menacé par le séparatisme et dont l’économie est encore loin d’être guérie . Mais ceci, nous ne le verrons pas : la haine entre le PP et le PSOE est trop forte.

“Rien ne sera plus comme avant”, estime El Mundo, pour qui “l’Espagne enterre le bipartisme et laisse le gouvernement dans un état de suspension”, comme le remarque l’éditorial, selon lequel les élections laissent “un pays difficile à gouverner” :

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La carte politique espagnole change totalement entre les élections d’hier, qui impliquent la liquidation du bipartisme, et l’irruption de forces émergentes. Le PP a réussi à rester le parti qui a obtenu le plus de voix , mais il aura beaucoup de mal à gouverner de manière stable. Le bipartisme qui a fonctionné en Espagne depuis la transition a signé hier son arrêt de mort. […] La nouvelle carte électorale apporte avec elle de sérieux problèmes de gouvernabilité puisque le PP, même avec les voix de Ciudadanos, ne dispose pas de la majorité absolue. Cela ouvre la possibilité d’autres coalitions, sans écarter l’alliance entre le PSOE, Podemos et d’autres forces nationalistes, qui serait néfaste pour l’Espagne.

Le quotidien conservateur La Razón n’a pas de doute : “Le Parti populaire a gagné les élections hier. [...] L’opposition a capitalisé électoralement sur quatre années d’efforts et de politiques réformistes qui ont ouvert la voie à la reprise économique.” Toutefois, souligne-t-il,

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il ne peut y avoir d’autre objectif que celui de la stabilité du pays dans un moment clé pour notre reprise économique. Il ne serait pas bien de rectifier les fondamentaux de notre politique économique et, que cela nous plaise ou pas, la réalité est que les marchés ont une influence déterminante sur les décisions politiques. Le maximalisme serait le pire qui puisse nous arriver. [...] Une époque s’ouvre dans laquelle il va falloir négocier, mais en gardant le sens de l’Etat et pas à n’importe quel prix.

Les résultats disent clairement que les citoyens ont choisi d’obliger quatre groupes politiques – le PP, le PSOE, Podemos et Ciudadanos – a négocier des accords pour mettre en place un gouvernement stable”, affirme pour sa part La Vanguardia, pour qui

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la situation politique qui en résulte crée une très complexe, dans laquelle l’arithmétique ne suffit pas pour qu’une coalition ou un accord de gouvernement entre deux d’entre eux prenne forme. On ne peut exclure que dès aujourd’hui même ne commencent à s’élever des voix à Bruxelles, dans le monde économique et dans d’autres secteurs de la société incitant le parti populaire et les socialistes à former une grande coalition, la seule formule qui garantira la stabilité. Mais ni le déroulement de la campagne électorale, ni la culture politique des deux partis ne laissent entrevoir que nous allions dans ce sens.

Le verdict des urnes de ce 20 décembre ouvre les portes à un gouvernement de gauche pour la nouvelle législature mettant fin de façon abrupte à quatre ans de majorité absolue d’un exécutif présidé par le conservateur Mariano Rajoy”, affirme croit enfin Público, pour qui

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la somme des sièges du PSOE et de Podemos, avec d’autres appuis comme celui de IU, pourrait constituer un soutien stable à un gouvernement progressiste face à une option de forces conservatrices.

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