Idées Réformer l’UE

Construisons enfin les Etats-Unis d’Europe !

Si l’Europe est aujourd’hui bloquée, c’est en partie parce que ses institutions ne sont pas adaptées à la puissance globale qu’elle aspire à être. Il faut donc abolir celles qui entravent un fonctionnement réellement démocratique et souverain, suggère un des représentants de Pulse of Europe.

Publié le 24 décembre 2018 à 13:29

Devant une crise institutionnelle dénoncée depuis longtemps comme structurelle et non conjoncturelle, l’UE n’ose plus afficher avec assurance qu’elle tient la corde pour achever en 2025 une construction européenne censée protéger les citoyens européens d’un monde de géants politiques qui bousculent et s’imposent aux petits États. Sa structure organique est une sorte de confédération de 28 États décideurs collectivement, qui d’hésitante est devenue auto-bloquante.

Ses compétences sont régaliennes pour la monnaie, les frontières externes, les négociations commerciales internationales, celles d’un État classique…alors qu’elles sont inexistantes en matières fiscale et sociale. Son budget en pourcentage est ridicule comparé à celui des USA. L’UE ne protège de presque rien à la suite de la crise financière de 2008, et se transforme plutôt en arène de pugilat entre gouvernements donneurs de leçons et leurs souffre-douleur, selon une gouvernance par les règles mortifères, dépourvue de lucidité. Une sorte de gouvernail bloqué en position « droit devant » qui n’a rien du pilotage attendu, bénéfique aux 513 millions de passagers, d’un vrai capitaine politique élu par l’équipage. On l’a promis, il n’est pas là. La mer du monde multipolaire se fait grosse.

Que faire de simple à comprendre pour réformer l’UE en USE ?

Le ménage ! Les structures intergouvernementales officielles ont fini depuis longtemps d’être d’utiles à la construction d’un grand bloc politique que Chine, USA ou Russie ne pourraient que respecter. Elles sont devenues des poids sans aucune motricité à achever la mue de ce proto-État en véritable État fédéral souverain. Pire, elles agissent comme des freins à transférer les pleines compétences définitives en matière de diplomatie, défense, fiscalité et pilotage macroéconomique cohérent. Ce qui fait que même l’euro, qui nous protège du policy-mix agressif du dollar comme de la sous-évaluation rusée du renmimbi, est loin de son potentiel protecteur optimal.

Créer un Sénat des États ou un Sénat des Régions européennes permet de n’avoir plus besoin de ces organes toxiques : Conseil européen, Eurogroupe – non officiel mais fort nocif -, Conseil de l’UE. Supprimés. Si c’est un Sénat de Régions européennes, le Comité des Régions, lui aussi peut disparaître, puisque c’est lui qui devient le Sénat européen, de fait.

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Devant un Législatif européen enfin cohérent Sénat + Parlement actuel, et selon les résultats des élections européennes, ne reste plus qu’à composer un Gouvernement souverain, un vrai Exécutif classique, en lieu et place de l’actuelle Commission européenne, que peu regretteront, comme nous l’avons suggéré récemment.

En fait, il y a trop de pièces sur la table de Bruxelles pour assembler le puzzle complet d’un État de droit européen ! Celles de la BCE, BEI, CJUE, CEDH, PE, Cour des comptes européenne, sont évidemment à conserver, à assembler avec ce Sénat, pour que, techniquement parlant, ça fonctionne. Non plus en mode néolibéral ravageur en mode Coupe d’Europe des États champions qui détruit toute confiance citoyenne en l’UE, mais selon les orientations politiques des députés européens choisis par le Citoyens Européens eux-mêmes. Est-ce compliqué ?

Réforme qui viendra d’en haut ?

Ne nous berçons pas d’illusions, non. Nos chefs de gouvernements sont désormais en hostilité déclarée les uns contre les autres, et parfois à coups de tweets comme des collégiens immatures. Aujourd’hui la maison brûle à cause des pyromanes de l’intérieur. Et parfois un député se permet d’essuyer ses chaussures sur les documents d’un Commissaire : quel bel exemple civique pour les jeunes générations de démocrates européens !

Les améliorations homéopathiques que proposent parfois quelques gouvernants nationaux du Conseil européen à leurs pairs – les pas de deux minuscules vers l’avant de Paris et Berlin - ont tout pour indiquer un refus de parvenir à créer un État fédéral capable de tenir en respect les appétits de Washington, Pékin et Moscou avant des décennies. Pendant ce temps, les niveaux de vie en Europe se dégradent, et les populismes les plus virulents et europhobes ont le vent en poupe. Réformes peu crédibles par le haut, et les partis nationaux de gouvernements classiques, par trop immobilistes, sont partout laminés.

Réforme qui viendra d’en bas, des citoyens ?

En fait oui, c’est la seule solution, mais pas de n’importe quels citoyens. Des citoyens qui se savent avoir deux citoyennetés légitimes à utiliser, et pour lesquels remettre de l’ordre dans les pouvoirs gouvernementaux et l’européen rime aussi avec rester le maître légitime des deux niveaux de pouvoir, tous deux obéissant aux canons de l’État de droit démocratique. L’un fédéral, l’autre fédéré, et c’est tout. Mais la même personne physique en Europe ayant droit à sa citoyenneté locale comme à sa citoyenneté continentale depuis 1992, elle n’a pas à craindre des USE ce qui se passe avec l’UE, qu’un niveau de pouvoir s’échappe de sa portée de sanction ou de saisine judiciaire, à tout moment.

Et les citoyens qui devraient le plus ardemment se saisir du fantastique pouvoir qu’ils ont de pouvoir en toute légitimité agir comme réformateur de l’UE sont certainement ceux qui souffrent le plus des méfaits de l’imbroglio actuel entre deux niveaux de pouvoir qui n’ont jamais réussi à couper le cordon ombilical entre État membre et UE intergouvernementale, se sont empêtrés. Raison pour laquelle les deux niveaux dysfonctionnent incestueusement et mal.

De quoi ont besoin les Citoyens Européens conscients de l’être ?

D’idées claires sur quoi revendiquer : vouloir réformer eux-mêmes l’UE, avec leur projet de meilleure structure institutionnelle. Et d’organisation paneuropéenne entre eux pour le faire savoir. Rien d’autre. L’heure n’est pas à savoir qui pilotera ensuite, façon social-démocrate ou façon libéral-démocrate ou autre. L’heure est à souder tous les démocrates européens citoyens pour créer à partir de l’UE ingouvernable un État européen simple, efficace et légitimement contrôlable.
EuropaNow! vous attend, chers concitoyens européens !

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