Opinion, ideas, initiatives Vienne entre Est et Ouest

L’Autriche va-t-elle bâtir des ponts ou dresser des murs ?

L’Autriche pourrait jouer un rôle trouble dans la fracture qui se creuse entre l’Europe de l’Ouest et l’Europe centrale et orientale. L’avenir du continent pourrait se décider ici, estime, à Vienne, Carl Henrik Fredriksson.

Publié le 13 février 2018 à 10:34

"L’histoire enseigne, mais elle n’a pas d’élèves”, regrette la romancière autrichienne Ingeborg Bachmann dans son déprimant roman d’après-guerre Malina. "L’histoire ne se répète pas, mais elle instruit”, lui rétorque Timothy Snyder dans le pamphlet De la tyrannie : Vingt leçons du XXᵉ siècle (Gallimard, 2017), écrit avec rage au moment où, il y a un peu plus d’un an, Donald Trump s’apprêtait à prêter serment. En tant qu’historien, Snyder se sent une responsabilité particulière à la fois dans la nécessité de constater et de contester le changement de régime apporté par le 45e président des Etats-Unis et le parcours vers une société totalitaire qu’il laisse présager.

Mais Snyder n’est pas n’importe quel historien ; c’est un expert de l’Europe orientale. Alors que la campagne présidentielle aux Etats-Unis battait son plein, la plupart des observateurs n’avaient pas réalisé ce qui était en train de se passer, note Snyder. A l’exception d’un groupe de personnes qui avaient très bien compris quel était l’enjeu de la campagne : des Européens de l’est et des experts d’Europe orientale. Ils avaient été capables de repérer les signes de ce qui se préparait : “l’histoire, qui pendant un temps semblait avancer de l’Ouest vers l’Est, semble à présent suivre le parcours inverse. Tout ce qui se passe ici semble s’être produit en premier lieu là-bas.

Le best-seller inattendu de Snyder – il occupe toujours la troisième place dans le classement des essais du New York Times – est profondément enraciné dans le contexte américain dans lequel il a été écrit. Mais même si la cible principale de ce pamphlet est l’exceptionnalisme américain, ses observations peuvent s’appliquer de ce côté-ci de l’Atlantique aussi.

Dans son article paru dans Transit "Once upon a time in 1989" [“Il était une fois en 1989”], la journaliste et romancière d’origine croate Slavenka Drakulić raconte comment certaines situations des Balkans dans les années 1990 se reproduisent de nos jours en Europe occidentale ; comment les identités sont politisées et le nationalisme se confond avec la religion dans un mélange mortifère. L’Occident apprend les dures leçons de l’Europe orientale, note-t-elle – mais d’une manière totalement différente de ce que nous aurions espéré.

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Ces observations deviennent inquiétantes lorsqu’elles proviennent directement d’un des principaux acteurs du drame politique qui se joue en ce moment en Europe : “*Il y a vingt-sept ans, ici, en Europe centrale, nous pensions que l’Europe était notre avenir ; aujourd’hui, nous avons le sentiment d’incarner l’avenir de l’Europe.” C’est par ces mots que le premier ministre hongrois Viktor Orbán a cloturé son discours d’été annuel en Roumanie, face à un public magyar, en juillet dernier.

C’était ici, à l’université d’été hongroise de Băile Tuşnad – ou Tusnádfürdő, comme l’appellent les Hongrois – qu’en 2014 Orbán a annoncé sa vision d’une “démocratie illibérale”, un concept qui domine depuis le débat politique, à l’exception peut-être de celui de “populisme”. Bien que son discours de 2017 ait reçu moins d’attention, il s’agit sans doute d’un des plus intéressants qui ont été prononcés l’année dernière.

Orbán décrit le bouleversement en cours en Europe et aux Etats-Unis comme une bataille entre une “élite transnationale” et “des dirigeants nationaux patriotiques”. Et les patriotes, dont il estime bien évidemment faire partie, ont une mission : défendre la nation – et par conséquent, l’Europe.

Selon Orbán, l’événement politique le plus important de l’année dernière n’a été ni la prestation de serment d’un nouveau président aux Etats-Unis, ni le fait que deux élections en France ont balayé les partis traditionnels. Non : l’événement le plus important a été que le groupe de Visegrád – la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie – ont commencé à coopérer “plus étroitement que jamais” et ainsi obtenu une influence considérable sur les politiques et les affaires européennes.

Jusqu’à présent, cette influence a consisté essentiellement à faire échouer la relocalisation des réfugiés parmi les Etats membres de l’Union européenne. “Vous avez voulu les migrants, pas nous”, a affirmé Orbán pendant une visite en Allemagne début 2018, à l’invitation de la CSU, le parti jumeau de l’Union chrétienne-démocrate d’Angela Merkel. “Il ne s’agissait pas d’une vague de réfugiés, mais d’une invasion”, a-t-il ajouté, en faisant référence aux événements de l’été et de l’automne 2015, lorsque des centaines de milliers de personnes se sont mises en marche à travers l’Europe en direction de l’Allemagne, de la Suède et de l’Autriche. “Nous ne considérons pas ces personnes comme des réfugiés musulmans. Nous les considérons comme des envahisseurs musulmans”.

Dans son discours d’été, Orbán décrit ce qui lui fait si peur. Un pays fort doit être un pays sûr, dit-il. C’est alors qu’il lie la notion de sécurité à celle d’identité culturelle. Un pays fort doit être capable de protéger ses frontières et prévenir les attentats terroristes. Et d’ajouter qu’il “n’y a pas de culture forte sans identité culturelle”. Et aussi : “*Tant pis si l’on brise un tabou en le disant, mais il n’y a pas d’identité culturelle dans une population sans composition ethnique stable. La modification de la structure ethnique d’un pays équivaut à modifier son identité culturelle. Un pays fort ne peut jamais se permettre que cela se produise.”

Ce complexe démographico-culturel est au cœur de l’idéologie nationaliste d’Orbán. Il ne se limite pas à considérer les Hongrois comme “une espèce menacée”, mais il élargit la question à tout le continent : “l’Europe restera-t-elle le continent des Européens ?

Aujourd’hui, dit Orbán, l’Europe est dans les mains du financier et philanthrope américain d’origine hongroise George Soros, dont le “plan” prévoit que l’UE “se prépare à remettre son territoire dans les mains d’une nouvelle Europe métisse et islamisée. C’est là le champ de bataille sur lequel les pays d’Europe centrale combattent aujourd’hui”, déclare Orbán. “L’Union européenne doit récupérer sa souveraineté à l’Empire de Soros. Tant qu’elle ne l’aura pas fait, nous n’avons aucune chance que les Européens gardent l’Europe pour eux.*”

Il n’y a aucun doute que l’ambition de la Hongrie est d’être à l’avant-garde de la lutte contre Soros, contre les “grands inquisiteurs” de Bruxelles, et contre ce qu’Orbán qualifie de “dé-christianisation” de l’Europe. Un des éléments de la stratégie de réarmement poursuivie par le gouvernement actuel est la conférence sur “L’avenir de l’Europe" qui devait avoir lieu à Budapest en janvier, dans le cadre de la présidence hongroise du Groupe de Visegrád. Le programme avait déjà été annoncé lorsque les organisateurs ont décidé de reporter la conférence au mois de mai, après les élections législatives. Même si les sondages donnent à la Fidesz, le parti d’Orbán, une confortable majorité, il n’y a pas de raisons de prendre des risques inutiles – à tel point les intervenants prévus au programme étaient controversés.

L’ouverture de cette conférence “scientifique” avait été confiée à Milo Yiannopoulos, ancien éditorialiste de Breitbart News, le site d’information préféré de l’extrême droite. Yiannopoulos compare régulièrement le féminisme à un cancer et a récemment affirmé que toute personne se qualifiant de “musulman” devrait “être expulsé de l’Occident.” L’éditeur Götz Kubitschek, une des principales personnalité de la “nouvelle droite” en Allemagne, devait introduire la table ronde sur la question de savoir si “nous”, avec notre culpabilité culturelle, devons “sacrifier la Chrétienté, la liberté et notre style de vie” ou plutôt “nous retirer dans nos forteresses, nous défendre et renforcer nos valeurs et notre cohésion ?

C’est là une des manières de décrire la croisée des chemins historiques à laquelle se trouve l’Europe en ce moment précis. Une autre serait de se demander s’il reste quelque chose du projet d’intégration européenne si les Etats membres ne parvenaient pas à formuler une réponse commune à la question fatidique de l’immigration – et si le sens de mots comme solidarité et cohésion vont au-delà du simple transfert d’argent de l’ouest à l’est par le biais des fonds structurels.

Les gouvernements en Hongrie et dans les autres pays du Groupe de Visegrád savent ce qu’ils veulent. Ils sont en train de remplir l’idée européenne avec un contenu ancien, de construire des barrières à l’intérieur et à l’extérieur, dans les têtes des Européens et dans le paysage ; des barrières qui vont éloigner les “envahisseurs”.

Seront-ils capables d’exporter leur vision nationale-culturelle de l’Europe en Occident ? Ce qui s’est produit là-bas d’abord se produira-t-il ensuite ici ?

La réponse à cette question arrivera très probablement dans le courant de l’année. Orbán a déjà déclaré que 2018 sera le théâtre d’affrontement majeurs. Et, comme cela a été le cas il y a cent ans, l’avenir de l’Europe va se décider en Autriche. Le 1er juillet, Vienne doit assurer la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne pour la troisième fois après 1998 et 2006, et les préparatifs du nouveau gouvernement autrichien, formé par les conservateurs du Parti populaire (ÖVP) et de l’extrême droite du Parti de la liberté (FPÖ), sont bien avancés.

Dès la soirée électorale, à l’automne dernier, les spéculations sur une adhésion de l’Autriche au Groupe de Visegrád allaient bon train. L’on suggérait déjà que les “Quatre de Visegrád" deviennent “Les huit salopards”, en référence au film de Quentin Tarantino et à la position dure de Vienne sur l’immigration. A quelques jours de la clôture de la campagne, le chef du FPÖ, Heinz-Christian Strache, avait déclaré qu’un rapprochement avec les pays du Groupe de Visegrád était tout à fait imaginable : “l’Autriche devrait accroitre sa coopération avec ces pays”, avait-il déclaré lors d’un débat télévisé, “*peut-être devrait-elle même devenir membre du Groupe de Visegrád."

Mais non, l’Autriche ne deviendra jamais un membre du “V4”. Le simple fait qu’elle soit un contributeur net au budget de l’UE, alors que les quatre autres pays d’Europe centrale sont des bénéficiaires nets rend les perspectives respectives incompatibles. Un autre aspect insurmontable est que les quatre pays ex-communistes sont membres de l’OTAN, alors que l’Autriche est encore très attachée à sa neutralité et – du moins symboliquement – elle la défend bec et ongles.

Quoi qu’il en soit, il semble d’ores et déjà clair que le gouvernement du chancelier Sebastian Kurz (ÖVP) se rapprochera encore plus de ces pays en ce qui concerne les politiques migratoires, en privilégiant la protection des frontières extérieures de l’UE à la distribution coordonnée des demandeurs d’asile selon un système de quotas. Une politique parfaitement compatible avec celle de Viktor Orbán et de ses alliés polonais, tchèque et slovaque.

Lorsque Sebastian Kurz, à la veille de sa prestation de serment comme chancelier, a présenté le programme de son gouvernement lors d’une conférence de presse à Kahlenberg, dans la banlieue de Vienne, il a fait explicitement référence à une proposition faite à peine une semaine plus tôt par Donald Tusk, le président du Conseil européen. Pour empêcher que l’Europe n’éclate, Tusk avait dit que l’attention doit se détourner de la question de la répartition des réfugiés. Rien de bien différent de ce que disait Kurz. D’autres dirigeants européens ont toutefois contesté la proposition de Tusk, la qualifiant d’”inacceptable” et d’”anti-européenne.

Quoi qu’il en soit, si l’on prête attention aux déclaration de Kurz, on y trouve autant de tactique politique que d’idéologie. “Nous nous considérons comme des constructeurs de ponts en Europe”, déclare-t-il. “Je m’efforce de renforcer la coopération avec l’Allemagne et la France et d’autres pays. En même temps, je veux entretenir de bonnes relations avec l’Europe orientale.

La nouvelle position sur la politique migratoire doit permettre à l’Autriche de jouer un rôle de médiation entre les pays d’Europe centrale et orientale et leurs homologues d’Europe occidentale – une position qui correspond bien à la position géographique du pays et à son héritage historique. “Cela a toujours été bon pour notre économie”, a déclaré Kurz lors d’une interview accordée à Der Spiegel peu après les élections. “Et politiquement”, a-t-il ajouté, “je pense que c’est un devoir.

Reste la question de savoir si les pays voisins de l’Autriche qui ont soutenu le poids les plus élevé lié à l’accueil des réfugiés – à commencer par la Suède et l’Allemagne – vont considérer que cette position est suffisamment “neutre”. Lorsque le ministre de l’Intérieur Herbert Kickl (FPÖ), a déclaré lors d’un conseil des ministres de l’UE à Sofia fin janvier que l’Autriche ne se conformera pas au système contraignant de l’UE de quotas en matière d’accueil des réfugiés, les observateurs en ont conclu que l’Autriche avait rejoint le camp des opposants et donc renoncé à se placer au centre. Une conclusion que l’on peut difficilement contester.

Se ranger du côté des pays du Groupe de Visegrád sur la question des quotas de réfugiés n’est pas la seule “position orientale” adoptée par le nouveau gouvernement autrichien. Dans une interview au quotidien Kurier qui a suscité de nombreuses réactions, la ministre des Affaires étrangères Karin Kneissl a semblé suggérer que les sanctions européennes à l’égard de la Russie en rétorsion contre l’annexion illégale de la Crimée et la déstabilisation de l’Ukraine devraient être levées. En réponse à la question si les sanctions sont une erreur, elle a noté qu’elle n’ont pas eu d’effet. En fait, a-t-elle dit, les seules sanctions “à avoir jamais eu d’effet sont celles au niveau sportif imposées à l’Afrique du Sud.

Deux affirmations discutables, mais, que l’analyse de Kneissl soient correctes ou pas, il est clair qu’ici aussi, l’Autriche veut jouer un rôle de “bâtisseur de ponts” entre l’Est et l’Ouest.

Kneissl n’est, comme elle le répète inlassablement, formellement affiliée à aucun parti, mais elle a été désignée par le FPÖ. En décembre 2017, le chef du FPÖ et actuel vice-chancelier Heinz-Christian Strache a signé un accord de coopération d’une durée de cinq ans avec le parti Russie unie de Vladimir Poutine. L’accord prévoit entre autres une non-ingérence mutuelle, la promotion du dialogue et du développement économique, de même que “la formation des jeunes générations dans un esprit patriotique et de joie dans le travail.

Du point de vue international, le FPÖ continue à accroitre son influence”, écrivait Strache sur sa page Facebook, en réagissant à la signature de l’accord, à Moscou. Il est difficile d’imaginer qu’il renonce à ces ambitions internationales, maintenant que lui et sa ministre des Affaires étrangères sont enfin en mesure de les promouvoir.

L’accord entre le FPÖ et Russie Unie est le premier de ce genre et a marqué une nouvelle phase dans les relations entre le Kremlin et les partis d’extrême droite européens, telles qu’elles ont été remarquablement analysées par Anton Shekhovtsov dans son récent ouvrage Russia and the Western Far Right – Tango Noir [“La Russie et l’extrême droite européenne – Tango Noir”, non traduit]. Quoi qu’il en soit, même si l’on ne devrait pas sous-estimer la composante idéologique dans le soutien du FPÖ à la Russie, il n’y a pas que les électeurs du FPÖ qui désapprouvent les sanctions et cela a à voir autant avec l’aspect financier qu’avec la “protection des valeurs traditionnelles”.

Le milieu des affaires autrichien veut faire des affaires ; le droit international et l’éthique politique viennent après. Les applaudissements debout adressés au président Poutine lors d’une réception à la Chambre de commerce autrichienne à l’été 2014, en plein milieu du conflit entre la Russie et l’Ukraine, sont une honte. Mais les affaires sont les affaires. Les gérants des hôtels et des installations de remontée de cette république alpine dépendante du tourisme veulent voir les riches touristes russes revenir, et les fermiers et les producteurs de fruits de Styrie sont pressés de voir leurs exportations vers l’est reprendre. Or, les représentants du commerce et de l’industrie forment une grosse part de la base électorale de l’ÖVP. Ou, pour le dire avec les mots de Sebastian Kurz, “ça a toujours été bon pour notre économie”.

Mais ce pragmatisme peut également s’avérer dommageable, comme le note Ivan Krastev dans la Security Policy Preview of 2018, publiée par le ministère autrichien de la Défense à l’automne dernier. L’Autriche pourrait paraître comme le candidat parfait pour jouer les intermédiaires entre le Kremlin et l’Occident. Et pourtant, elle devrait l’éviter car, ajoute le politologue, en adoptant le langage et la position des deux parties de ce conflit, avec de faibles probabilités de réussir, Vienne risque de mettre à mal sa propre position au sein de l’UE.

On pourrait dire la même chose des tentatives de l’Autriche de se mouvoir dans les eaux internes agitées et troubles de l’UE. Les chances de saper avec succès le système de quotas de réfugiés sont peut-être plus importantes – un gouvernement (temporairement ?) affaibli en Allemagne a pour l’heure signalé qu’il souhaite reporter des négociations au niveau de l’Unione sur le sujet – mais là aussi, l’Autriche affaiblit sa position toute seule. L’échec des Etats d’Europe orientale a prendre ensemble la responsabilité pour les réfugiés qui sont déjà à l’intérieur de l’UE a donné lieu à une fracture au sein de l’Union qui prendra des années pour se refermer.

Alors que la confrontation nord-sud, qui a culminé dans la crise de la dette de la zone euro, n’était “que” financière, l’affrontement actuel entre l’est et ouest concerne des valeures fondamentales et la perception-même du but et de l’objet du projet d’intégration européenne. La déception dans certains pays d’Europe occidentale et du nord est réelle et la position que les uns et les autres vont adopter dans un débat qui pourrait potentiellement faire éclater l’Union va compter – même si cet éclatement devait se traduire en une Europe à deux ou plusieurs vitesses.

Si c’est le pragmatisme que l’on cherche, l’Autriche ferait probablement mieux de chercher des alliés parmi les pays semblables à l’Ouest, par exemple ceux qui ont rejoint l’UE en même temps qu’elle, en 1995 : la Suède et la Finlande sont d’un point de vue économique et social bien plus comparables à l’Autriche que n’importe quel pays du Groupe de Visegrád, et ils ont par conséquent aussi des intérêts de long terme semblables. Il en va pareillement pour l’Allemagne, son grand voisin du nord-ouest.

Mais peut-être que ce n’est pas le pragmatisme qui guide le nouveau gouvernement à Vienne, après tout, mais l’idéologie. Un concept nouveau au goût ancien pour l’avenir de l’Europe.

Avant de tourner le film Le Trosième homme, où le cynique Harry Lime incarné par Orson Welles circule comme une ombre entre les secteurs occupés de la Vienne d’après-guerre, le producteur américain David O. Selznick a écrit une note au metteur en scène Carol Reed, lui faisant part de son enthousiasme pour l’idée que la métropole centre-européenne soit présentée comme un microcosme de la Guerre froide – et qu’elle prenne partie pour l’Occident.

Il semble que le chancelier Sebastian Kurz a d’autres idées, lorsqu’il conviera ses homologues à Vienne plus tard cette année.

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