Actualité Les dix dossiers clés des élections européennes | Agriculture

Une politique de moins en moins commune

Si le Parlement européen suit les préconisations de l’exécutif bruxellois, la PAC, la politique agricole commune, risque de n’avoir plus grand-chose de commun.

Publié le 17 mai 2019 à 14:00

Il y a tout juste un an, la Commission européenne présentait son projet de « cadre financier pluriannuel » pour les années 2021-2027. Autrement dit le budget de l’Union pour les sept prochaines années, sur lequel le nouveau Parlement va devoir se prononcer. Si ce dernier suit les préconisations de l’exécutif bruxellois, la PAC, la politique agricole commune, risque de n’avoir plus grand-chose de commun.

La Commission a proposé d’allouer à l’agriculture 365 milliards d’euros courants (pour 27 Etats membres), soit 28,5 % du budget de l’Union. Un effort historiquement faible. Pour la période précédente (2014-2020), la PAC avait reçu 403 milliards (pour 28 Etats membres), 36 % du total. Le Brexit n’est pas seul en cause dans la réduction proposée. A périmètre égal (l’UE à 27) et en euros constants (hors inflation), le budget agricole baisserait de 15 %, et même de 28 % pour l’enveloppe spécifiquement affectée à l’environnement et au développement rural [1]. Afin d’accroître à moyens constants les fonds de l’Union pour la lutte anti-immigration et la défense.

De plus, au nom de la « subsidiarité », les Etats auront une latitude beaucoup plus grande dans l’affectation des dépenses agricoles. L’Union continuera de définir des objectifs généraux en matière économique, sociale et environnementale, mais il sera plus facile aux Etats d’arbitrer contre l’environnement et l’emploi afin de défendre leurs positions respectives sur un marché unique dérégulé et très concurrentiel.

L’agriculture bio progresse peu, de 5 % de la surface cultivée en 2010 à 7 % en 2017. Et l’emploi continue de s’effondrer : 4,2 millions d’exploitations ont disparu de 2005 à 2016. Ce ne sont pas seulement les petites structures qui disparaissent (65 % des 10,5 millions de fermes font moins de 5 hectares) : au cours de ces dix années, les seules exploitations dont le nombre a augmenté sont celles de plus de 100 hectares, qui détiennent déjà 53 % de la surface agricole. Et si les aides de la PAC, qui bénéficient avant tout aux grandes exploitations parce qu’elles sont essentiellement assises sur le nombre d’hectares, servaient aussi à défendre une agriculture riche en emplois et pauvre en pesticides ?

Le meilleur du journalisme européen dans votre boîte mail chaque jeudi

Tags
Cet article vous a intéressé ? Nous en sommes très heureux ! Il est en accès libre, car nous pensons qu’une information libre et indépendante est essentielle pour la démocratie. Mais ce droit n’est pas garanti pour toujours et l’indépendance a un coût. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à publier une information indépendante et multilingue à destination de tous les Européens. Découvrez nos offres d’abonnement et leurs avantages exclusifs, et devenez membre dès à présent de notre communauté !

Média, entreprise ou organisation: découvrez notre offre de services éditoriaux sur-mesure et de traduction multilingue.

Soutenez le journalisme européen indépendant

La démocratie européenne a besoin de médias indépendants. Rejoignez notre communauté !

sur le même sujet