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Le chacun pour soi domine

L’Europe n’arrivera pas à relever ambition et normes communes en matière d'environnement et d'énergie si, parallèlement, elle ne change pas de philosophie.

Publié le 21 mai 2019 à 13:00

L’Union européenne va-t-elle relever son ambition climatique et, surtout, s’en donner les moyens ? Le 28 novembre dernier, la Commission a défendu sa vision d’une Europe "neutre pour le climat" en 2050. Par rapport à l’objectif actuel à même échéance, une baisse de 80 % des émissions de gaz à effet de serre, le saut est important et mettrait l’Union en phase avec l’accord de Paris sur le climat.

Le 18 mars dernier, les eurodéputés ont voté à une large majorité une résolution (non contraignante) en faveur de cette proposition. Ils ont également réclamé un renforcement des exigences à l’horizon 2030 : viser une baisse des émissions de 55 %, au lieu des actuels 40 % (par rapport à 1990). Cependant, les Etats membres ne sont toujours pas d’accord sur un relèvement de leur ambition commune à 2030 et 2050. Ce sera un défi d’y parvenir d’ici à 2020 et d’honorer ainsi les engagements onusiens. Sept seulement (Finlande, France, Allemagne, Pays-Bas, Portugal, Espagne, Italie) ont adopté un objectif de neutralité (ou allant au-delà des – 80 % en 2050), ce qui ne signifie pas qu’ils soient bien partis pour y arriver.

Si l’on regarde le chemin parcouru, l’Union respecte déjà son engagement d’avoir réduit de 20 % ses émissions en 2020. Elle était parvenue à – 22 % en 2017. Mais ce résultat est en partie imputable à la crise de 2008. Et depuis 2014, les émissions, loin de poursuivre leur baisse, ont augmenté. Entre autres causes, la propension non maîtrisée des Européens à rouler plus, dans des voitures toujours plus grosses. L’évolution actuelle n’est pas compatible avec les – 40 % visés en 2030, eux-mêmes en grand décalage avec la trajectoire qu’exigerait l’accord de Paris, comme l’ont reconnu en mars les eurodéputés.

Si, du côté des énergies renouvelables, l’Europe devrait atteindre son objectif de 20 % de sa consommation finale en 2020, malgré certains Etats très à la traîne, elle va devoir accélérer la cadence pour arriver aux 32 % visés en 2030. Mais c’est surtout pour les économies d’énergie qu’il faudra mettre les bouchées doubles. En raison d’une demande d’énergie repartie à la hausse depuis 2014, la consommation a reculé de 9 % seulement entre 2005 et 2017, quand l’Europe s’est engagée à atteindre -13 % en 2020 et -26 % en 2030.

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L’Europe n’arrivera pas à relever ambition et normes communes si, parallèlement, elle ne change pas de philosophie. L’impératif climatique se fracasse aujourd’hui sur les inégalités entre régions et Etats membres. Malgré les efforts pour mettre en place une "Union de l’énergie" (l’Union européenne dépend encore à 70 % du charbon, du pétrole et du gaz largement importés), le chacun pour soi domine. Le chemin vers la neutralité climat de l’Europe passe par de nouvelles règles du jeu économique pour plus de solidarité entre ses citoyens.

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