Actualité Partenariat oriental

Les voisins de l’Union peu pressés de s’en rapprocher

Les voisins de l’Union européenne qui participent au Partenariat oriental (PO) ont stagné ou fait face à des difficultés pour se conformer aux normes et critères de l’UE en 2017, comme le montrent les dernières données disponibles.

Publié le 25 mars 2019 à 09:35
Wikimedia  | Yerevan

L’Arménie, la Moldavie et la Géorgie ont reculé alors que l’Ukraine a enregistré quelques progrès timides,selon l’Indice du partenariat oriental de 2017 publié en décembre par le Civil Society Forum.

L’étude a répertorié les progrès réalisés par six pays du partenariat oriental (Arménie, Azerbaïdjan, Biélorussie, Géorgie, Moldavie et Ukraine) en 2017 en les regroupant en deux catégories : le caractère durable des institutions démocratiques et le degré d’intégration avec l’Europe, y compris au niveau des échanges commerciaux et de la mobilité.

Depuis ce rapport, quelques anciens pays soviétiques ont progressé tout en étant confrontés à des obstacles supplémentaires et à l’incertitude. La politique européenne de voisinage et le statut des partenaires orientaux risquent de changer avec les élections européennes à venir et le débat concernant l’accord sur le Brexit.

"Le problème est qu’actuellement l’Europe se replie sur elle-même. Je suppose que l’UE ne souhaitera pas accueillir de nouveaux membres ces prochaines années, il revient donc aux pays du partenariat oriental de faire preuve d’initiative, que ce soit au niveau des échanges, de la politique énergétique ou en matière de libre circulation", a déclaré le président et fondateur de l’organisation à but non-lucratif New Diplomacy, Jeff Lovitt, qui est également l’auteur de ce rapport.

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Le compte rendu montre que les pays du partenariat oriental ne remplissent pas davantage les normes et critères établis par l’Europe qu’il y a un an et ce même pour les premiers pays en lice comme l’Ukraine, la Moldavie et la Géorgie qui profitent d’un accord d’association avec l’UE.

L’Ukraine, le voisin oriental de l’UE aux 44 millions d’habitants, a progressé de 0,01 point par rapport au premier indice de 2015-2016 en passant à 0,73 point sur 1. Mais il convient d’admettre qu’elle a réalisé des avancées en matière de commerce bilatéral et de mobilité.

Coincée entre la Roumanie et l’Ukraine, la Moldavie a enregistré un sévère déclin de 0,07 point et se positionne maintenant à la troisième place, derrière l’Arménie, avec 0,65 point. Un autre partenaire de la région caucasienne, la Géorgie, la talonne avec un score en baisse à 0,64 point.

L’indice de l’Azerbaïdjan reste quant à lui inchangé alors que celui-ci s’est amélioré de 0,08 point pour la Biélorussie. Cependant, cette dernière ferme toujours la marche.

La seconde catégorie de l’indice englobe les relations entre les entreprises, la société civile, les citoyens et le gouvernement. Il est resté stable ou en timide progrès dans les pays en question. La plupart des avancées sont dues à l’accord de libre circulation passé avec les Etats appartenant à l’espace Schengen qui a été mis en place en 2017 pour l’Ukraine, la Moldavie et la Géorgie. L’accord de libre-échange est un autre atout qui faisait partie de l’accord d’association d’ensemble et a permis l’augmentation des échanges commerciaux pour tous les membres.

La Géorgie et la Moldavie sont les pays qui en ont le plus bénéficié et atteignent 0,71 point, suivis par l’Ukraine et son 0,66 point. Les trois derniers étant l’Arménie, l’Azerbaïdjan et la Biélorussie avec un score inférieur ou égal à 0,5 point.

Que s’est-il passé depuis 2017 dans les pays membres du partenariat oriental ?

Du côté du positif, tous les pays du partenariat oriental sont parvenus à augmenter leurs échanges bilatéraux en faisant, pour certains, de l’UE leur premier partenaire d’exportations, ce qui est le cas de l’Ukraine, mais ils éprouvent toujours des difficultés à mettre en place les normes européennes.

L’Ukraine a progressé en ce qui concerne les réformes liées à l’éducation, la santé, les retraites, les commandes publiques et l’environnement en 2018, mais des chantiers importants doivent être consolidés comme le montre le rapport de l’UE sur l’Ukraine. Cette consolidation nécessaire passerait par une réforme du système judiciaire et par la lutte contre la corruption ainsi que par la protection des droits de la société civile et des militants.

Le pays a été confronté à une série de reculs avant l’élection présidentielle de mars. Le 26 février dernier, la Cour constitutionnelle a invalidé la loi sur l’enrichissement illégal. Cette dernière faisait partie des conditions à l’introduction du régime de libre circulation en 2017.

En 2018, l’Arménie s’est concentrée sur les événements politiques nationaux. Dans le pays, des milliers de personnes ont manifesté pacifiquement contre le gouvernement, un mouvement surnommé révolution de velours. Le pouvoir a été renversé et l’Arménie a organisé des élections législatives anticipées en décembre 2018. La formation d’une nouvelle administration, la poursuite des efforts sur la lutte contre la corruption et la libération des prisonniers politiques sont les mots d’ordre du pays.

Le processus d’intégration à l’UE est retardé pour la Moldavie car les élites politiques au pouvoir ne sont pas parvenues à améliorer les conditions de vie et à réformer le système judiciaire. Le pays subit probablement sa plus grande série d’échecs en matière de transformation économique depuis la signature de l’accord d’association.

En 2018, la Commission européenne a suspendu la première tranche de paiement d’un plan d’aide macro financier pour la Moldavie à cause de problèmes liés à l’Etat de droit. En novembre, Bruxelles a également adopté une résolution critique précisant que « c’est un Etat détenu par des intérêts oligarchiques ».

La Moldavie, l’un des pays les plus pauvres d’Europe, était confrontée à une crise financière après qu’un milliard de dollars ont été volés des banques locales en 2014. Des hommes politiques influents ont été mis au banc des accusés et quelques-uns condamnés mais l’argent n’a jamais été retrouvé.

Les élections législatives qui se sont déroulées fin février n’ont apporté aucune certitude par rapport à l’avenir du pays mais ont exposé les tensions au sein du pays, entre les partisans de la Russie et des Occidentaux.

Contrairement à la Moldavie, la Géorgie a enregistré de réels progrès puisqu’elle est parvenue à honorer les engagements de son accord d’association comme le montre le dernier rapport de l’UE datant de janvier. Cependant, la corruption reste un sérieux problème. La Géorgie doit continuer la réforme législative et la mise en œuvre continue des règles et normes.

"La société civile fait part de ses préoccupations concernant une potentielle ingérence politique dans le système judiciaire et le pluralisme des médias. Le respect des droits de l’homme et des lois anti-discrimination reste un défi", affirme le rapport de l’UE.

L’Azerbaïdjan et l’UE se sont mis d’accord sur les priorités de leur partenariat en 2018, prévoyant de renforcer la coopération dans les années à venir. Mais, pour avancer, le pays doit affronter ses fléaux nationaux que sont : la corruption grandissante, l’économie informelle, l’inefficacité des systèmes de santé et d’éducation, la faiblesse des systèmes financier et judiciaire, selon l’indice du rapport. Le pays espère signer un nouvel accord commercial bilatéral avec l’UE en 2019.

Comme les autres pays du partenariat oriental, la Biélorussie a connu une augmentation des échanges commerciaux en faisant de l’UE son deuxième partenaire après la Russie. Cependant, Minsk ne semble pas décidé à faire de l’UE son premier partenaire à cause de ses relations avec le Kremlin. La répression des militants et la censure des médias amoindrissent les chances d’amélioration des relations entre l’UE et la Biélorussie.

Cet article est publié en partenariat avec the European Data Journalism Network

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