Idées Crise de la zone euro
Angela Merkel, Nicolas Sarkozy et José Manuel Barroso.

Trois erreurs, ça suffit

Recapitaliser les banques, comme le réclame désormais Angela Merkel, c’est bien. Mais ne pas répéter les erreurs commises depuis le début de la crise et favoriser une croissance européenne soutenue par l’Allemagne, ce serait mieux, estime La Vanguardia.

Publié le 11 octobre 2011 à 14:18
Angela Merkel, Nicolas Sarkozy et José Manuel Barroso.

La première erreur qu'a commis l'UE a été d'admettre la Grèce dans la zone euro, comme l'ont reconnu d'éminents dirigeants européens, d'autant que ce pays a dû maquiller ses comptes publiques pour l'obtenir. Sa deuxième erreur, cette fois à cause de l'Allemagne, a été de ne pas résoudre immédiatement les problèmes financiers de la Grèce, ce qui aurait dû être relativement facile dans la mesure où elle ne représente que 2 % du PIB européen. Cela aurait évité que la crise ne contamine la dette publique d'une grande partie de la zone euro.

La troisième erreur, là encore à cause de l'Allemagne, a été de s'entêter à un ajustement budgétaire pur et dur de la Grèce, sans un plan d'investissements européen propre à favoriser sa croissance, d'où son marasme économique et sa quasi-cessation de paiements. Résultat, ce qui aurait dû n'être qu'un problème gérable, comparable à celui de n'importe quel petit Etat de la fédération américaine, a dégénéré en une nouvelle crise économico-financière qui peut avoir des répercussions planétaires, comme l'a reconnu le président Obama lui-même.

Une lenteur institutionnelle exaspérante

En quelques mois, on est passé de la méfiance envers la dette publique des Etats européens périphériques à la méfiance vis-à-vis du secteur bancaire européen, en raison de l'important financement des Etats qu'elles assurent. Ce dernier a entraîné un nouvel effondrement du crédit, comme celui qui s'est produit en 2008 après la faillite de la banque Lehman Brothers. Il en résulte une asphyxie de l'économie productive, qui est sur le point de provoquer une nouvelle récession.

La crise de la banque franco-belge Dexia, qui a dû être nationalisée, est une première alerte véritable après les mises en garde réitérées du FMI depuis le mois d'août sur la nécessité de recapitaliser le secteur bancaire européen. L'UE n'a toujours pas été capable de mettre en pratique les accords du 21 juillet concernant l'aide à la Grèce. Une lenteur institutionnelle exaspérante qui explique la méfiance croissante envers la zone euro.

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Enfin, le week-end dernier, la chancelière allemande Angela Merkel, à qui incombe de fait la gestion de l'euro, a pris le taureau par les cornes : elle a promis de contribuer à la recapitalisation du secteur bancaire européen et de mettre en œuvre des solutions rapides et durables pour résoudre la crise de l'euro, ce qui passe notamment par des réformes institutionnelles.

Réformer les traités : une solution non viable

Toutes ces mesures doivent être mises en place dans les semaines qui viennent. La chancelière a pris ces décisions après avoir rencontré le président français Nicolas Sarkozy, avec qui elle a constaté la gravité de la situation.

La nouvelle grande erreur que peut commettre l'Allemagne est de se contenter d'injecter des capitaux dans le secteur bancaire européen, essentiellement franco-allemand. La recapitalisation est importante pour éviter le désastre. Mais elle ne règle pas le problème de fond de la zone euro, à savoir la faible croissance économique, qui empêche les Etats de générer suffisamment de recettes fiscales pour réduire leur dette publique.

La seule solution efficace serait que l'Allemagne, en tant que première économie européenne, relance sa demande intérieure et tire la croissance des autres pays de l'UE. Cela permettrait de retrouver la confiance dans l'ensemble de la zone euro, car celle-ci disposerait de recettes fiscales pour rembourser ses dettes, et ainsi résoudrait les problèmes de son secteur bancaire. Tout ce qui ne va pas dans ce sens — en particulier la réforme annoncée des traités, lente et compliquée — ne sera pas une solution viable.

Sommet européen

L'Italie fustige le “directoire” franco-allemand

A l'occasion de leur rencontre à Berlin le week-end dernier, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont annoncé une réponse "rapide et durable" à la crise de la dette, entraînant une hausse des bourses et le soutien du président américain Barack Obama. Mais tout le monde n'a pas applaudi. "Un problème global ne peut pas être résolu par un axe bilatéral", a commenté Franco Frattini, le ministre des Affaires étrangères italien, furieux contre ce "directoire" franco-allemand. "Il serait préférable de revenir à la méthode communautaire sans perdre plus du temps qui nous est précieux".

Selon La Stampa, Frattini a fait savoir son mécontentement après la décision du "couple royal" de repousser le sommet européen qui était initialement prévu le 23 octobre, une décision qui a pris tout le monde de court, de la présidence polonaise de l'UE à la Commission européenne. Merkel et Sarkozy ne se sont pas pour autant laissés impressionner : "L'Allemagne et la France sont les plus grandes économies de la zone euro et partagent par conséquent une responsabilité particulière pour le futur de l'UE et de la monnaie unique", ont-ils déclaré.

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