Actualité Sommet de Copenhague
A l'avant-garde d'un monde durable : BedZED, quartier écologique à Londres (OnePlanetSutton)

L'UE en premier de cordée

A la veille de l'ouverture du sommet de Copenhague, le 7 décembre, la guerre des chiffres bat son plein. Une bataille engagée par une Europe qui veut s'imposer comme le leader à suivre dans la lutte contre le réchauffement de la planète.

Publié le 3 décembre 2009 à 16:26
A l'avant-garde d'un monde durable : BedZED, quartier écologique à Londres (OnePlanetSutton)

Le 2 décembre, l'Union européenne a présenté un graphique qui recadre officiellement les promesses américaines de réduction des émissions de CO2. L’effort promis par Barack Obama, a expliqué Bruxelles, est une montagne s’il est mesuré sur la base de 2005 (-17%), mais, rapporté aux paramètres européens, c’est-à-dire à ceux de 1990, c'est une souris. Pour l’Union, qui réclame une réduction d’au moins 20%, il est clair que Washington doit faire nettement plus.

Et Bruxelles n'est pas la seule à le penser : le même 2 décembre, l’Inde a annoncé qu’elle estimait possible de réduire d’ici à 2020 son intensité carbone - quantité de gaz à effet de serre rejetés pour chaque unité de PIB produit - de 24% par rapport aux niveaux de 2005. Bruxelles a déjà dit que les promesses des Chinois, qui se sont engagés à faire deux fois mieux que Delhi, toujours en termes d’intensité carbonique, équivalent à "des cacahuètes". Un autre graphique qui circule à la Commission européenne présente un diagnostic pire encore : il montre que si les politiques restent inchangées, les émissions de CO2 des pays en voie de développement seront en 2020 deux fois plus élevées qu’aujourd’hui et, de toutes façons, supérieures à celles produites par les économies avancées.

Les objectifs de Bruxelles sont précis. La conférence de Copenhague doit entériner le fait que les gaz à effets de serre devront avoir atteint leur maximum d’ici dix ans, et affirmer avec force la volonté d’arriver en 2020 à une réduction de 50% par rapport aux émissions de 1990. Difficile. Dans un document commun, la Chine, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud ont fait part à l’Union de leur opposition à ces deux objectifs. De même, ils refusent de limiter l’augmentation du réchauffement global à un maximum de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels. C’est dire si on est loin d’un accord qui plairait aux soldats de l’environnement, et même très loin.

Pas de protocole de Kyoto bis

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La Commission admet qu'"il est improbable qu’un accord total sur un traité contraignant pour les États soit atteint". Il faut donc commencer à travailler sur quatre éléments : trouver une vision commune sur le seuil des 2°C ; viser des engagements de réduction des émissions qui soient ambitieux et compatibles ; définir un enveloppe financière assortie d’une entente pour un démarrage rapide ; réaffirmer l’exigence d’un texte légal qui engage effectivement les parties et qui devra être finalisé d’ici la mi-2010, pour la conférence d’ores et déjà prévue à Bonn. Tout ceci en considérant que "la réponse ne peut être un simple renouvellement du protocole de Kyoto", ne serait-ce que parce que "Washington ne le signera pas". Un autre signal est arrivé d’Australie : le Sénat a repoussé pour la seconde fois le plan d'échange des émissions de CO2 du gouvernement travailliste. Kevin Rudd, le Premier ministre, se rend ainsi à Copenhague les mains vides et risque de devoir affronter des élections anticipées.

L’Italie n’est pas aussi pressée. Le ministère de l’Environnement a fait savoir qu’il préférerait que l’on puisse travailler pendant 12 mois à l’élaboration d’une entente en vue de la Conférence de Mexico, en décembre 2010. Mais WWF (Fonds mondial pour la nature) voudrait voir l’Italie et le reste du monde plus motivés. La planète, met en garde l’organisation pour la défense de l’environnement, a déjà outrepassé de 40% les limites d’émission de CO2 par rapport à 1990, l’année de référence du Protocole de Kyoto. Il n’y a pas de temps à perdre, avertit le WWF : "Nous sommes dans la phase de négociations la plus délicate et la seule chose qui puisse changer la donne, c’est l’opinion publique".

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