La crise fait rage en Grèce, en Espagne, en Italie et au Portugal. Tout le Sud de l’Europe est à genoux. Tout le Sud de l’Europe ? Non. Dans ces pays, les vieilles revendications de certains se réalisent. Celles de Juan Rosell, par exemple, président de l’organisation patronale espagnole CEOE.
Pendant des années, il a réclamé un assouplissement de la protection contre le licenciement. Aujourd’hui, le gouvernement a accédé à son désir. "Ce ne sera pas la dernière réforme du marché du travail", prophétise Juan Rosell, sûr de son succès. La crise, c’est sa chance.
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Italie
Une réforme à l’allemande ?
Le gouvernement de Mario Monti devait boucler ce 23 mars la réforme du Code du travail, et en particulier de l’article 18, qui régit les licenciements abusifs. Une réforme invoquée depuis des années par le patronat italien, qui attribue la faible compétitivité de l’industrie italienne à la difficulté de licencier. Jusqu’à présent, aucun gouvernement n’était parvenu à prendre à bras le corps la question à cause de la résistance acharnée des syndicats.
Le noeud de la réforme, explique La Repubblica, c’est l’abolition de l’obligation de réintégrer le salarié licencié pour raisons économiques, lorsque le Tribunal du Travail juge que ces motifs sont insuffisants. Le juge ne pourra en effet plus s’exprimer sur la validité des motifs, mais uniquement obliger l’entreprise à indemniser le salarié licencié si le licenciement n’est pas justifié.
La réforme introduit en revanche des mesures qui visent à pérenniser l’emploi des travailleurs précaires ainsi qu'une nouvelle forme d’indemnisation du chômage. Alors que la réforme doit encore passer devant le Parlement, la CGIL, le principal syndicat du pays, a déjà menacé une grève générale.
“Le gouvernement Monti est-il en train de commettre sa première grosse erreur ?”, s'interroge Gian Enrico Rusconi dans La Stampa. Le chef du gouvernement a en effet affirmé vouloir s’inspirer du modèle allemand, tout en oubliant que ce dernier se basait essentiellement sur la concertation avec les partenaires sociaux. Un aspect qu’il a jusqu’à présent ignoré, tout en faisant référence à l’exigence d’aligner l’Italie sur les autres pays européens, explique Rusconi :
Il est temps que Monti argumente mieux la dimension européenne de l’action de son gouvernement, sans faire référence uniquement au marché, aux bourses ou aux autres indicateurs dont il est bien conscient qu’ils n’ont qu’une valeur relative. […] J’imagine que les “techniciens” savent quelle ressource extraordinaire et irremplaçable pour l’efficacité du système de l’emploi le consensus social représente.