Un plan de sauvetage, vite !

C’était dans l’air depuis des semaines : Nicosie s’apprête à demander une aide financière d’urgence estimée à 3-4 milliards d'euros à l’UE pour recapitaliser ses banques, très exposées à la dette grecque, et se financer. Mais le temps presse, note le quotidien anglophone Cyprus Mail.

Publié le 13 juin 2012 à 14:19

Maintenant que nous ne sommes plus dans le déni quant à l'éventualité de demander l'aide de l'Europe, peut-être devrions-nous commencer à réfléchir au moment opportun pour le faire car cela pourrait s'avérer crucial. A présent que nous avons décidé de franchir le pas, le plus tôt sera le mieux, même si cela va à l'encontre de la philosophie de notre gouvernement qui préfère prendre toute décision importante à la dernière minute.

Dans l'idéal, nous aurions dû lancer notre appel en même temps que l'Espagne car nous aurions alors reçu le même traitement. Nous aurions dû prendre des mesures – réduire le nombre d'employés dans la fonction publique par exemple – mais au moins, tout aurait été fait de manière calme et contrôlée.

Ayant raté le coche, le gouvernement aurait dû agir avant les élections parlementaires grecques de dimanche qui pourraient plonger la zone euro dans le chaos: une victoire de la coalition de gauche Syriza – opposée à un plan de sauvetage européen – pourrait augmenter les craintes d'une sortie de la zone euro et provoquer la panique sur les marchés. C'est une possibilité que personne ne peut exclure, les sondages montrant un très faible écart entre Syriza et le parti Nouvelle Démocratie.

Des moyens de recapitalisation inacceptables

Qu'attend donc le gouvernement? Tout le monde sait que l'émission d'actions – garanties par le gouvernement – par la banque Laika ne pourra jamais rapporter les 1,8 million d'euros dont la banque a besoin pour sa recapitalisation. Nous savons aussi que les obligations émises par le gouvernement ne seront pas considérées comme des moyens de recapitalisation acceptables par la Banque centrale européenne (ce qui est inévitable pour des obligations “pourries”).

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**Résultat: il est certain que nous devrons demander l'aide de l'Europe à la fin du mois.

Le gouvernement pense-t-il sérieusement pouvoir décrocher un prêt auprès d'un autre pays avant la fin du mois et, ainsi que l'a déclaré un porte-parole, éviter un plan de sauvetage européen? Nul doute qu'il ne reste pourtant plus aucun espoir et qu'il faut maintenant se préparer aux exigences européennes et finaliser les mesures nécessaires. Les autorités s'épargneraient aussi la honte de négocier les termes d'un plan de sauvetage alors que leur échoit la présidence européenne à partir du 1er juillet.**

Certaines informations de Bruxelles laissent entendre que le gouvernement aurait déjà informé la Commission de son intention de faire appel au mécanisme européen. Espérons que, pour une fois, le gouvernement mesurera l'urgence de la situation et passera à l'action le plus vite possible.

Plan de sauvetage

La mode est au sur-mesure

Le sauvetage de Chypre, dont le secteur bancaire représente 7,5 fois le poids total de l’économie du pays, ne devrait pas suivre le parcours “classique” suivi jusqu’à présent par la Grèce, l’Irlande ou le Portugal, note le NRC Handelsblad. Selon le quotidien néerlandais, “deux précédents font en sorte que l’opération se passera différemment de ce que beaucoup de pays membres souhaitent”.

Le premier est celui de l’Espagne, qui est parvenue à obtenir de l’aide européenne sans avoir affaire aux Men in Black de la troïka UE-BCE-FMI qui sont intervenus en Grèce, en Irlande et au Portugal. Le second est celui de l’Irlande, qui, tout comme Chypre, impose les sociétés à un taux très attractif (respectivement 12,5% et 10%), et qui a négocié son maintien avec la troïka.

Ces précédents, où l’on a vu les débiteurs discuter de pied ferme les conditions des prêts, pourraient pousser la Grèce à renégocier à son tour son plan de sauvetage si la gauche radicale devait emporter les élections du 17 juin. Si Chypre devait faire preuve de la même attitude pour obtenir les 4 milliards d’euros d’aides estimées, cela pourrait provoquer le mécontentement des Irlandais, écrit encore NRC :

Pourquoi les Irlandais ont-ils été placés sous curatelle complète, tandis que l’Espagne, pour l’instant, s’en tire bien avec un sauvetage qui laisse Madrid en grande partie tranquille ?

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