Actualité Les élections grecques vues d’Athènes (3/5)

Le jour où la troïka reviendra

Plus que le résultat des élections du 17 juin, c’est le retour de la délégation UE-BCE-FMI qui décidera du sort de la Grèce. Car l’Allemagne a déjà annoncé la couleur : il faut s’attendre à peu de souplesse.

Publié le 13 juin 2012 à 15:21
Le fantôme de la drachme

Bien que les élections de dimanche soient extrêmement importantes, le jour-clé ne sera pas le 17 juin. Ce sera plutôt le jour du retour de la troïka à Athènes pour rencontrer le nouveau gouvernement issu du scrutin, quel qu'il soit. Si un mouvement pour l’annulation unilatérale du mémorandum existait encore, un tel jour n’aurait pas lieu et il n'y aurait plus aucune discussion.

Maintenant que cette possibilité a été écartée, la rencontre entre le nouveau gouvernement et la troïka aura bien lieu. Mais ce sera une expérience très douloureuse pour les participants, en particulier pour ceux qui veulent croire que l'attitude allemande va changer. Hier, la chancelière Merkel comme son ministre allemand des Finances Schäuble, ont clairement précisé, une fois de plus, qu'un tel scénario ne se produirait pas.

Totalement rigide

*"La question de savoir si la Grèce appliquera ou non son programme est aussi la question de savoir qui respecte quoi en Europe aujourd’hui"***, a déclaré la chancelière allemande. Schäuble, lui, a franchi une étape supplémentaire, il a prédit la décision de la troïka : “Elle constatera que le mémorandum n’est pas appliqué, quel que soit le résultat des élections".**

Dans ce cas précis, M. Schäuble fait une prédiction très peu risquée. Car quel que soit le résultat des élections, le programme n'est de toute façon pas applicable. Il est tombé aux oubliettes, à tous tous les niveaux. Et l'attitude allemande envers la Grèce est déjà décidée, elle sera totalement rigide.

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En réalité, lorsque Evangelos Venizelos, le président du Pasok, insiste sur sa volonté de travailler avec un gouvernement Syriza, il insinue que le nouveau grand parti du pays doit partager les responsabilités qu’il faudra assumer lors de cette la rencontre [avec la troïka] et envers les décisions qui en découleront, ou qui ne seront pas prises parce qu’on sera dans une impasse. D'ailleurs, Vénizelos sait très bien que la troika est capable de tout arrêter et partir [ce qu’elle a fait le 2 septembre dernier].

Un gouvernement d’unité nationale ?

La vraie impasse n'apparaîtra donc pas dimanche, mais ce jour-là. Si, entre temps, le pays n'arrive pas à former un gouvernement, ou si le gouvernement formé n'arrive pas à prendre des décisions, le résultat sera le même : toute la pression se concentrera sur la menace d'interruption du financement pour les besoins internes de la Grèce, alors que dans un premier temps au moins, les besoins extérieurs, qui concernent la monnaie unique, seront toujours couverts. Ce sera donc une course contre la montre, avec la partie grecque en position difficile et toujours plus faible.

Mais dans un tel scénario - qui constitue une réelle impasse - une chose est sûre: un gouvernement d'union nationale sera indispensable. Car seul ce type de gouvernement pourra exiger un délai dans l'application du programme, la seule chose qu’il puisse changer, à condition bien sûr que certaines choses débutent immédiatement, par exemple via les privatisations [celle des chemins de fer, entre autres].

Cela peut-il se produire ? Ce sera difficile. La semaine prochaine, le pays entrera donc dans la dernière ligne droite, la plus difficile. La question ne sera pas de savoir si Syriza sera ou non au pouvoir, cela est secondaire, mais de savoir comment le pays pourra supporter la pression, quel que soit le parti au pouvoir. Et les prédictions ne sont pas rassurantes.

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