Antonis Samaras pendant son dernier meeting de campagne, à Athènes, le 15 juin 2012.

On prend les mêmes et on fait mieux ?

Le vainqueur des élections du 17 juin, le conservateur Antonis Samaras, pourrait former une coalition pro-mémorandum. L'avenir de la Grèce est assuré si les partis politiques parviennent à incarner une qualité qui leur fait défaut : le sens des responsabilités, estime Kathimerini.

Publié le 18 juin 2012 à 14:57
Antonis Samaras pendant son dernier meeting de campagne, à Athènes, le 15 juin 2012.

Les pères et les mères de famille qui travaillent dur et paient leurs impôts ont fait leur devoir : hier, aux législatives, la plupart ont voté en faveur de Nouvelle Démocratie [conservateur]. Laissant de côté leurs opinions et leurs réserves personnelles, ils ont fait confiance au Pasok [parti socialiste] pour devenir un partenaire de coalition responsable. D’autres ont voté en faveur de Fortis Kouvélis, de la Gauche démocratique.

On a besoin d'hommes politiques prêts à faire les "kamikazes", pas de politiciens classiques qui tremblent dès que leurs biens politiques sont en cause et quand les gens réagissent. Et franchement, les partis politiques ne débordent pas de ces personnes courageuses ou spécialement talentueuses.

Maintenant, bien entendu, il s’agit pour les responsables politiques du pays de se montrer à la hauteur du défi – et la partie s’annonce rude. Les dirigeants grecs, dont Alexis Tsipras, le chef de file de Syriza, le parti anti-renflouement, doivent dépasser toutes les attentes et détourner le pays des grands périls qui le menacent.

Aucun responsable politique ne peut fermer les yeux sur la situation désastreuse dans laquelle se trouve le pays. Aucun ne peut s’offrir le luxe d’être irresponsable simplement parce que les électeurs l’ont renvoyé dans les rangs de l’opposition. Nous sommes tous dans le même bateau.

Le meilleur du journalisme européen dans votre boîte mail chaque jeudi

Vieille garde politique

Antonis Samaras, le chef de file de Nouvelle Démocratie, s’est battu d’arrache-pied et a remporté la bataille au mépris des difficultés. Il est parfaitement conscient du fait que ce succès est en partie dû aux milliers d’électeurs qui ont soutenu les conservateurs dans le seul but d’éviter la sortie de l’euro ou une victoire des forces politiques extrémistes.

Samaras doit recruter les individus les plus qualifiés parmi tous les acteurs de la société et ne pas se contenter de se reposer sur cette vieille garde politique qui s’est empressée de se ranger derrière lui pour la photo au Zappéion [monument du Jardin national d'Athènes où se déroulent des cérémonies officielles].

Parce que tous les indicateurs sont au rouge, que l’opinion est profondément divisée et que nos partenaires commencent à perdre patience, la marge de manœuvre du prochain gouvernement sera extrêmement restreinte.

Petits miracles

Pouvons-nous réussir ? Bien sûr que nous le pouvons. Nous avons souvent montré par le passé que nous étions capables d’accomplir in extremis de petits miracles. Cela dit, nous aurons besoin de la tolérance et du soutien de nos partenaires européens et de nos créanciers internationaux qui savent ce qui est en jeu à la fois pour la Grèce et pour l’Europe.

Surtout, nous avons gagné un peu de temps. Nous avons pris une grande bouffée d’air frais et nous ne nous sommes pas auto-expulsés de la zone euro. Espérons que, lorsqu’ils prendront place autour de la table de négociations, au palais présidentiel, nos dirigeants europhiles parviendront à surmonter leurs limites et à dépasser nos attentes. Pour une fois, laissons-les nous réserver une bonne surprise.

Etat des lieux

Un pays coupé en deux

Un gouvernement maintenant”, s’exclame Ta Nea en une. Mais les négociations pour la formation d’un éxécutif s’annoncent délicates. Antonis Samaras a appelé tous les partis à le rejoindre dans un “gouvernement de sauvetage national”, mais Syriza a exclu cette possibilité et le Pasok est réticent à le faire en l’absence de Syriza.

Quoiqui’il en soit, “la Grèce ressort coupée en deux” de ce scrutin, constate le quotidien. "Et un pays coupé en deux est un pays condamné, quelque soit le camp qui prédomine”. Cette nouvelle "fracture nationale" se retrouve à 3 niveaux, différents des habituelles divisions entre droite et gauche, riche et pauvre ou centre et périphérie :

Le premier niveau est politique. Avec d’un côté, Nouvelle Démocratie, le Pasok, la Gauche démocratique et des petits partis proeuropéens. Et de l'autre coté, Syriza, les Grecs indépendants, Aube dorée et de petits partis extra-parlementaires d'extrême gauche. Ces deux clans sont à égalité.

Le deuxième niveau est l'Europe. Pour la première fois, elle n'est plus un acquis. Troisième niveau, le système de pouvoir, dans lequel l’Etat est remis en cause par le peuple.

Nous entrons dans un période de turbulence", estime donc Ta Nea. "Le point positif est que le peuple grec est acteur. Le point négatif est que ces affrontements ne s'achèvent jamais avec un seul vainqueur, mais avec beaucoup de perdants..."

Tags
Cet article vous a intéressé ? Nous en sommes très heureux ! Il est en accès libre, car nous pensons qu’une information libre et indépendante est essentielle pour la démocratie. Mais ce droit n’est pas garanti pour toujours et l’indépendance a un coût. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à publier une information indépendante et multilingue à destination de tous les Européens. Découvrez nos offres d’abonnement et leurs avantages exclusifs, et devenez membre dès à présent de notre communauté !

Média, entreprise ou organisation: découvrez notre offre de services éditoriaux sur-mesure et de traduction multilingue.

Soutenez le journalisme européen indépendant

La démocratie européenne a besoin de médias indépendants. Rejoignez notre communauté !

sur le même sujet