Pour une proportionnelle... au nombre de votants

Le taux de participation aux élections européennes risque d'être très bas. Pour relancer l'intérêt des citoyens et des politiques, un politologue allemand avance une proposition originale : lier le nombre d'élus par pays à la mobilisation des électeurs.

Publié le 22 mai 2009 à 07:11

Les élections européennes approchent discrètement. 16 % des citoyens de l'Union savent qu'ils sont censés se rendre aux urnes cette année. 3 % des Britanniques et des Finlandais interrogés savent qu'il y aura un scrutin européen ce printemps. Un bon tiers des Européens compte "probablement" y participer. Et l'on ne peut guère compter sur les partis politiques pour éveiller leur intérêt. Exemple en Allemagne : des affiches "vides de sens", s'indigne Eckard D. Stratenschulte, le directeur de l'Académie européenne de Berlin, dans le quotidien Frankfurter Rundschau.

"Nous sommes l'Europe", assurent les chrétiens-démocrates de la CDU . "Pour l'Allemagne en Europe", promettent les libéraux du FDP , tandis que les Verts vantent leur côté "humain et social". "On regrette presque de devoir se décider pour un parti", ironise Stratenschulte. "Après tout, nous voulons tous être humain et social en Europe. Le parti de gauche, au moins, revendique le salaire minimum", ajoute le politologue. Mais "comme elle refuse les traités européens sans pour autant les lire auparavant, Die Linke ne sait pas que la question du salaire minimum relève de la compétence nationale et que plus de vingt Etats-membres en disposent déjà." Quant aux sociaux-démocrates, raille Stratenschulte. "Grâce à eux, nous savons maintenant au moins pour qui voterait notre sèche-cheveux - il y a longtemps qu'on attendait cette révélation !"

Pour le chercheur, ce manque de substance vient d'un malentendu crucial : "Les partis politiques se disent que le citoyen ne prend pas l'Europe au sérieux. Pourquoi, alors, prendre le citoyen au sérieux ? Certes, un Parlement est tout aussi élu avec une participation de 40 % qu'avec une participation de 80%. Mais son autorité morale, indispensable pour un législateur, en souffre."

Que faire, alors, pour pousser les Européens aux urnes ? "Le vote obligatoire, en vigueur dans certains pays de l'Union, note Stratenschulte, risque de ne pas rendre le Parlement européen plus populaire en Allemagne", un pays déjà riche en règles et devoirs. D'où une alternative: lier le nombre d'eurodéputés élus dans chaque Etat-membre au taux de participation. Dans ce cas, l'Allemagne - comme les autres pays - disposerait d'un contingent minimum de députés qui augmenterait jusqu'à une certaine limite en fonction du nombre de votants. "L'électeur y gagnerait en influence, et les partis politiques devraient mouiller leur chemise pour faire entrer leurs députés au Parlement à Strasbourg ."

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