Des enfants immigrés retenus au centre de Filakio, à la frontière turco-grecque, le 5 novembre 2010.

Sans politique, une clôture n’est rien

Le "mur" que la Grèce s’apprête à construire à la frontière turque pour juguler l’entrée des migrants n’est qu’un pis-aller, considère To Ethnos. Seule une vraie démarche internationale peut répondre à la situation.

Publié le 10 janvier 2011 à 14:27
Des enfants immigrés retenus au centre de Filakio, à la frontière turco-grecque, le 5 novembre 2010.

La vérité est que notre pays ne peut pas être satisfait de la politique suivie ces 20 dernières années en matière d'immigration. Il s’agit d’une question qui nous concerne et nous dépasse en même temps. L'Europe est au cœur d'une vague d’immigration importante. Les causes apparentes sont économiques, sociales et politiques.

Pour affronter le problème efficacement, nous avons besoin d'examiner les causes profondes du phénomène, qui se trouvent dans les pays de départ des réfugiés. Et, en fonction de cela, élaborer des politiques pertinentes. Ce travail dépasse les capacités d’un seul pays. Il concerne l’Europe et les Nations unies.

Des politiques humanitaires nécessaires

La Grèce ne peut pas être utilisé comme un "mur" et comme lieu exclusif de séjour pour l'Europe au seul motif qu'elle est l'une des principales portes d'entrée pour les migrants. Une politique européenne sérieuse en matière de migrations est donc nécessaire, mais malheureusement, elle n’existe pas encore.

C’est dans ce sens que nous devons agir avec plus d’intensité et de persistance. La priorité est la révision du règlement Dublin II. Ce texte est la base sur laquelle les migrants sont "bloqués" dans leur premier pays d’arrivée en Europe et, d’un pays "de transit", nous fait devenir un pays "de destination finale" pour des milliers de migrants.

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Parallèlement, il faut que nous nous décidions, avec l'aide de l’Europe, à résoudre le problème. Des politiques de dissuasion et des politiques humanitaires sont nécessaires !

Aucune barrière n’a jamais résisté aux courants migratoires

La vérité est que le "mur" d’Evros laisse pantois. Aucune "barrière" dans l'Histoire n'a été capable de résister aux courants migratoires. Celle-ci surprend parce qu’elle symbolise des syndromes de phobie et d’introversion dans un monde où l’ouverture est dominante. D’autre part, il existe de sérieux doutes sur l’efficacité de cette mesure qui ne prend pas le problème à sa racine.

Si l’effet dissuasif de la clôture sur la frontière venait soutenir une véritable politique migratoire, qui réviserait les conditions d’octroi de l’asile et encouragerait la mise en place de centres d’accueils, cela pourrait s’avérer positif. Mais cela reste à prouver. Espérons qu’il ne s’agisse pas d’un « coup médiatique » sur le plan intérieur et qu’il n’encourage pas les passeurs à demander plus d’argent aux migrants.

Le plus important est la nécessité d’une politique commune en matière d’immigration qui ne ferait pas de la Grèce l’unique lieu de résidence des migrants et qui tenterait de résoudre le problème à la racine. Pour cela, il faut un travail sérieux, solide et constant.

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