Une stuga (maison traditionnelle) miniature à Västerås, dans le centre de la Suède. Image: Daniel Köttbullekvist

L'inaccessible modèle scandinave

Un an après le début de la crise économique, les Européens sont toujours à la recherche de solutions pour en atténuer les conséquences. La Suède, dont le modèle social est une référence pour de nombreux pays, en a fait une priorité de sa présidence de l'Union. Mais pour Le Soir, son exemple sera bien difficile à suivre.

Publié le 6 juillet 2009 à 12:10
Une stuga (maison traditionnelle) miniature à Västerås, dans le centre de la Suède. Image: Daniel Köttbullekvist

Depuis 20 ans, le modèle social suédois, plus généralement appelé "modèle scandinave", a peu ou prou inspiré les politiques sociales de certains Etats comme la Belgique, la France ou l’Allemagne. Mais ces derniers n’ont jamais réussi à recréer le "paradis" suédois, remarque Pascal Martin dans Le Soir.

D'où la question : le modèle social suédois est–il applicable par ses voisins européens ? Pour Felix Roth, chercheur au CEPS, un think tank basé Bruxelles la réponse est évidente : "La greffe du modèle scandinave sur les Etats membres est tout bonnement impossible. (…) Ce système exige de grandes dépenses sociales, associées par beaucoup de pays à des performances économiques moindres". Or, comme le souligne Pascal Martin, en Grande-Bretagne et dans la plupart des nouveaux pays membres, les lois du marchés priment sur l'Etat-Providence.

Autre obstacle à la greffe : le système suédois repose sur un Etat social actif dans lequel le chômeur est régulièrement "activé". Cette "flexisécurité" exige une fiscalité particulièrement forte. Or la plupart des pays membres ont des marges budgétaires trop faibles pour que le système scandinave puisse y être implémenté. Enfin, les réflexes protectionnistes nationaux vite retrouvés ont montré que les pays n'étaient pas prêts à changer de modèle. "Qu'attendre dès lors de la Suède durant ces six mois ?", interroge Pascal Martin. "Qu'elle colore d'une note sociale une stratégie de Lisbonne tournée désormais vers les enjeux climatiques", répond Ernst Erik Ehnmark, rapporteur au Comité économique et social européen. Et qu'elle fasse prendre conscience des leçons à tirer de la crise. Car, jusqu'ici, l'Europe n'a pas su en "profiter".

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