Une rue d'Athènes après une manifestation, le 23 février 2011. Sur le mur : "Grève générale".

La grande colère du peuple

Après un an de rigueur, le gouvernement de Georges Papandréou est toujours confronté au risque de faillite, à la méfiance des marchés et au manque de solidarité de certains pays européens. Quant aux citoyens, ils manifestent de plus en plus leur défiance en la politique, s'inquiète un éditorialiste.

Publié le 11 mars 2011 à 16:18
Une rue d'Athènes après une manifestation, le 23 février 2011. Sur le mur : "Grève générale".

La plupart des Grecs sont en colère. Colère contre les reponsables politiques "qui se sont foutus de nous" et ont plongé le pays dans la situation actuelle uniquement parce qu'ils ont protégé leurs intérêts par la corruption, le népotisme et la gabegie des deniers publics. Colère contre les responsables politiques qui, depuis tant d'années, voient les scandales éclater un a un sans rien faire, sans que personne ne soit condamné, comme s'ils appartenaient à un club garantissant leur immunité. Colère contre les responsables politiques, qui sans y participer, encouragent la grande arnaque d'une économie qui fait payer ceux qui produisent et préfèrent encourager les profiteurs qui vivent avec l'argent de l'Etat ou brassent du vent.

Colère contre le gouvernement et le PASOK (le Parti socialiste au pouvoir) qui, même en cette période de crise, ne sont pas à la hauteur des attentes des gens et ne sont pas capables d'expliquer la véritable ampleur du problème. Ils se bouffent entre eux et la plupart du temps sont paralysés face aux problèmes qu'ils ont a gérer.

Colère contre l'opposition conservatrice qui, alors qu'on est au bord du gouffre, continue de vendre des promesses mensongères et s'écroule dans un crescendo d'irresponsabilité. Colère peut-être contre la gauche qui a choisit la voix facile du "non à tout" sans proposer de solution.

On pourrait se demander pourquoi, puisque nous sommes tellement en colère, nous ne changeons pas de responsables politiques. Mais la réalité ne fonctionne pas ainsi. Ce qui reste stable, en revanche, ces dernières années, c'est l'impossibilité de nous changer, de moderniser notre système politique, la répétition des mêmes problèmes, du même comportement encore et toujours. La colère demeure donc mais devient l'une des pires conseillères.

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Beaucoup comprennent que les sacrifices sont inévitables. Mais encore plus nombreux sont ceux qui, tout en étant d'accord avec les mesures de rigueur, espèrent également que justice sera faite, que les responsables paieront, du moins ceux qui sont pointés du doigt [principalement l'ancien Premier ministre Costas Karamanlis]. Qu'on le veuille ou non, le besoin de rigueur et celui de justice coexistent et il faut reconnaître que l'un ne peut être le prétexte pour oublier l'autre.

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