Le lever de Terre vu du vaisseau Apollo (Image : NASA)

A la conquête de l'espace vert

Des Etats-Unis à la Chine, les grandes puissances se préparent à des nouvelles explorations de l'univers. La Lune est de nouveau au programme, avec un objectif plus lointain : la planète Mars. Et cette fois, observe The Independent, les écologistes pourraient soutenir le projet.

Publié le 20 juillet 2009 à 18:33
Le lever de Terre vu du vaisseau Apollo (Image : NASA)

40 ans après les premiers pas de l’Homme sur la Lune, jamais autant d’êtres humains n’ont été en orbite dans un même engin que ce week-end. En 1969, trois hommes étaient serrés dans le module de commande d’Apollo 11, à peine plus grand qu’une Mini. Hier, la Station spatiale internationale, qui a maintenant la taille d’une maison à quatre étages et se déplace à une vitesse de 27 350 km/h, a accueilli à son bord l’équipage de la navette spatiale Endeavour et abrite désormais douze hommes et une femme.

Cet équipage international représente un petit pas de plus dans nos tentatives d’aller au-delà des limites de notre planète. Mais le mois prochain, un pas bien plus grand pourrait être franchi. Un éventail de spécialistes doit conseiller en effet le président Obama sur la participation ou non des Etats-Unis à un projet spatial du XXIème siècle dans le cadre duquel des Américains pourraient retourner sur la Lune, et même s’aventurer plus loin, sur des astéroïdes proches de la Terre, voire sur Mars.

La décision du président pourrait être le déclencheur d’une course à l’espace avec la Chine, qui pourrait bien être plus féroce que celle des années soixante qui opposait les Etats-Unisà la Russie. La Chine se dit prête à faire cavalier seul, et déclare qu’elle compte envoyer des hommes sur la lune avant 2020. En septembre 2008, avec l’engin spatial habité Shenzhou 7, la Chine est devenue la troisième puissance à accomplir une sortie dans l’espace. La Russie s’est également engagée à moderniser sa capacité spatiale, pour la première fois depuis la chute du bloc soviétique. Des ingénieurs russes ont d’ores et déjà passé 105 jours isolés dans une réplique de navette spatiale afin de tester les tensions qui pourraient survenir lors d’un voyage de 275 millions de kilomètres jusqu’à Mars.

Buzz Aldrin, le deuxième homme à avoir marché sur la Lune, a déclaré que les Etats-Unis pourraient aider leurs partenaires internationaux à explorer la lune et ainsi dégager plus de ressources pour leurs propres vols spatiaux. Dès qu’il y aura une base internationale sur la Lune, dès que la technologie permettra de se ravitailler en carburant dans l’espace, a-t-il ajouté, les Etats-Unis pourront se concentrer sur l’envoi d’astronautes dans l’espace lointain afin de visiter l’astéroïde Apophis lorsqu’il passera près de la Terre en 2021. Ensuite, il sera possible de placer une base temporairement habitée sur Phobos, une des lunes de Mars. “Nous devrions alors être en mesure d’envoyer des hommes pour des séjours de plus en plus longs sur Mars”, a conclu Buzz Aldrin.

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Mais il semble que la Chine aille dans la même direction. Yinghuo 1, la première sonde du pays sur Mars, sera en orbite autour de la planète en 2010, afin d’étudier les “changements environnementaux”. Il ne faut pas oublier les ambitions lunaires de l’Inde et du Japon, ainsi que la concurrence entre compagnies privées pour les vols spatiaux commerciaux. Virgin Galactic, société de Richard Branson, et XCOR Aerospace rivalisent pour proposer les premiers vols sous-orbitaux. Selon Branson, les navettes Virgin Galactic seront prêtes pour décembre 2009 et sont “en voie d’être neutres en carbone”. Elles devraient accueillir des passagers payants dès 2011.

Il reste qu'à l'occasion de l’anniversaire du petit mais historique pas de Neil Armstrong, on pourra se demander si de telles aventures spatiales sont vraiment justifiées alors qu’il y a des problèmes sur la Terre. Cet enthousiasme pour les explorations habitées est-il compatible avec la lutte pour l’environnement, contre la pauvreté et les maladies ?

James Lovelock, inventeur de la théorie dite de Gaia, est un ardent défenseur des voyages dans l’espace. "Toute la notion de Gaia vient des voyages spatiaux, explique-t-il. Je pense que tout écologiste qui s’oppose à ces voyages n’a aucune imagination. Cette image superbe et stimulante de notre planète a peut-être été d’une valeur inestimable pour le mouvement écologiste."

“Plus on en saura sur Mars, poursuit-il, mieux on comprendra notre propre planète … Le plus passionnant des voyages (l’exploration habitée), apporte une immense inspiration aux hommes. De plus, sans voyages spatiaux, nous n’aurions pas de téléphones portables, d’Internet ou de prévisions météorologiques telles que nous en connaissons aujourd’hui, etc.”

OPINION

Le maire de Londres a le blues martien

"Nous ne conquerrons jamais la planète rouge", se plaint le maire de Londres, Boris Johnson, chroniqueur régulier du Daily Telegraph. "L'Homo sapiens ne ratera son prochain grand test ni à cause de nos lacunes technologiques, ni du manque de financement". "Quarante ans après les premiers pas de l'homme sur la Lune, assure Johnson, il manque à l'humanité la volonté de prendre un nécessaire risque physique".

Le maire de Londres s'émerveille de "l'absurde fragilité des machines en aluminium" qui ont aluni en 1969. L'exploit humain qui a consisté à "envoyer une personne sur un astre autrefois vénéré comme un Dieu" a été possible grâce à la confluence de trois facteurs : le savoir-faire balistique de l'Allemagne nazie ; le besoin des Etats-Unis de montrer à l'Union Soviétique de quoi était capable la démocratie capitaliste; l'audace des astronautes eux-mêmes.

Menée à l'aide de sextant, de règles à calcul et de "bouts de papier pour naviguer dans l'espace", l'alunissage de l'Aigle avec tout juste ce qu'il fallait de carburant fut une mission "tellement risquée qu'elle est impossible aujourd'hui", regrette Johnson. "Les assureurs ne se lanceraient plus dans un tel projet". Paralysées par les règles de sécurité, les fusées spatiales "resteraient clouées au sol". La tragédie de notre temps conclut-il, réside dans le fait que "le monde occidental dominé par le droit est 100 fois plus phobique et paranoïaque que la génération qui a marché sur la Lune".

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