Le petit jeu a assez duré

Le sommet extraordinaire de la zone euro qui se tient le 21 juillet est annoncé comme décisif pour le règlement de la crise grecque. Il serait temps, car les Grecs en ont assez de faire ce qu'on leur demande et obtenir trop peu en retour, estime un éditorialiste athénien.

Publié le 20 juillet 2011 à 14:45

"Toi, en orange, sort! Toi, en vert cache toi!" C'est un peu à ce genre de jeu de cache-cache que jouent les Allemands envers le problème grec. Angela Merkel s'est laissée convaincre après maintes demandes de se rendre au sommet européen de demain. Mais elle a déjà retiré tout son sens à la décision qui devrait être prise. Elle dit même qu'il risque de ne pas y avoir une solution de fond au problème de la dette grecque. Cela signifie qu'on peut comprendre que le paquet sera petit.

L'une des pertes de la mondialisation est bien l'Etat Nation. La souveraineté d'agir quand les industries transfèrent leur siège là où la main d'oeuvre est moins chère et où les normes environnementales sont plus souples. Pire : que faire de l'argent chaud qui entre et sort de la bourse, ou des obligations qui font des montagnes russes. Sans parler des produits CDS [Credit Default Swaps] que Warren Buffet a très justement caractérisé d'"arme économique de destruction massive".

Ce que nous suivons depuis des mois est un bras de fer entre les pays européens et les marchés. Ces derniers doutent de la solidité de la zone euro parce qu'ils considèrent qu'une union monétaire ne peut exister sans politique globale. Ce qui a commencé sur la Grèce a continué avec l'Irlande et le Portugal, pour continuer à s'étendre comme un cancer sur l'Europe.

Le capitalisme économique et monétaire ne rigole pas. Il pousse l'Europe à avoir une position claire. Le problème, c'est que la politique aime les positions vagues. Une position vague ne t'engage pas sur tes prochains actes. Disons que les Allemands ont souvent dit qu'il soutiendraient l'euro, mais ils ne disent pas avec la même ferveur qu'ils soutiendront la Grèce. Plus précisément, Berlin traîne depuis un an et demi. Et les choses empirent depuis un mois et demi.

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Le gouvernement Papandréou a été sous pression pour faire voter le nouveau plan de rigueur, afin qu'on nous accorde un nouveau prêt de 125 millards d'euros pour tenir jusqu'en 2015. La pression était telle qu'on a failli voir l'arrivée d'un gouvernement d'union nationale. Il n'y a finalement eu qu'un remaniement. Le plan a donc été voté mais nous attendons toujours notre prêt. Si demain on ne nous propose pas de solution définitive, les européens auront fait payer un prix politique important au gouvernement d'Athènes sans que celui-ci ne gagne rien en échange!

L'insolvabilité de la dette grecque peut s'expliquer. Quelqu'un doit subir des pertes. Ce seront soit les contribuables du nord de l'Europe qui nous financeront, soit les banquiers et les fonds de pension qui ont acquis nos obligations et nous ont prêté de l'argent. Berlin veut que ceux-ci prennent leur part au règlement de la crise, mais la Banque centrale européenne y met son veto en considérant qu'il s'agit d'une restructuration de la dette, et de facto d'une faillite. Elle ne pourra donc pas accepter des obligations émises par les banques grecques comme garantie pour fournir des liquidités à Athènes. C'est là que nous faisons un blocage. Comme le dit le ministre des Finances, même la pire des solutions est une solution. Ce serait tout de même bien que l'Allemagne nous surprenne agréablement.

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