Allons voir chez les Grecs

Publié le 24 mai 2012 à 15:36

Le regard semble un peu perdu. Les yeux rougis sont las. Sur fond de drapeau grec, un visage inquiet illustre la couverture du dernier numéro de Courrier international consacré à la Grèce. “Pauvreté, euro, xénophobie : le pays joue son avenir dans les urnes le 17 juin”, annonce le sous-titre, rappelant les enjeux qui pèsent sur toute une nation.

*Dans son éditorial, le directeur de la rédaction Eric Chol rappelle les données du débat qui “déchire l’Europe entre, d’un côté, ceux qui sont pressés d’en finir avec le mauvais élève de l’Europe […] et de l’autre, les partisans de plus de solidarité européenne.” A Athènes, l’Europe joue sa crédibilité politique. Mais au-delà des enjeux européens, c’est la nation grecque qui va sceller son avenir le 17 juin prochain : le dossier de l’hebdomadaire français offre une plongée dans un quotidien en suspens entre repli sur soi et nouveau départ. Car “la force des (mauvaises) habitudes”, comme le rappelle Chol, est une réalité. L’économiste Kenneth Rogoff “a calculé que la Grèce était en cessation de paiement presque une année sur deux depuis qu’elle a conquis son indépendance, au XIXè siècle.”*

Les articles des grands journaux grecs sélectionnés racontent une nation en colère, un peuple fatigué. Les élections législatives du 6 mai dernier ont fait ressurgir la menace extrêmiste dans un pays qui a vécu des épisodes de sinistre mémoire. Ainsi à Thessalonique, ville symbole des persécutions raciales, “ancienne Jérusalem des Balkans”, comme le rappelle Ta Nea, le grand quotidien grec, dans son reportage. Ici, 94% de la population juive de la ville a été anéantie pendant la Seconde guerre mondiale. Alors quand le parti Chryssi Avghi (Aube dorée) a recueilli 7% des suffrages le 6 mai dernier, le maire de la ville a décidé de le déclarer illégal. “Je pense que partout en Europe, nous avons de tels phénomènes, et l’on devrait s’en inquiéter”, prévient l’édile, bien décidé à marteler le danger que représentent de telles formations.

A la lecture de l’article de To Vima, le quotidien de centre-gauche devenu hebdomadaire sous les coups de la crise, on comprend l’urgence d’un tel combat. “Des Grecs de plus en plus tendus au quotidien”, vivent des situations délicates, ne serait-ce que le temps d’un trajet en métro, comme celui que décrit le journaliste. Deux passagers sans billets, Bangladais de surcroît, un contrôleur excédé, et la sentence tombe : “Lève-toi et sors. Ici c’est la Grèce !” To Vima explique que cette même invective fut utilisée par le fondateur du parti Aube dorée à l’endroit de journalistes qui refusaient de se lever à son entrée.

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78% des Grecs pensent que le gouvernement doit tout mettre en oeuvre pour que la Grèce reste dans l’Euro, indique le quotidien espagnol La Vanguardia dans un article retenu par Courrier international. Un chiffre qui indique lesquelles des mains tendues le peuple grec préfèrerait saisir.**

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