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Jeudi 31 mai, la première Initiative Citoyenne Européenne sur le pluralisme des médias a été lancée au Parlement européen à Bruxelles. Elle a pour ambition de favoriser le débat public sur un fonctionnement libre et impartial des médias et de permettre ainsi – en recueillant les signatures d’un million de citoyens européens – de renforcer la directive relative à l’harmonisation partielle des législations nationales empêchant une trop grande concentration du pouvoir médiatique ou un contrôle de l’État sur les médias.
Les coordinateurs de cette initiative citoyenne ont annoncé des “campagnes attractives” dans au moins 9 pays pour susciter des débats publics et obtenir un soutien leur texte.
“Selon la plupart des observateurs indépendants, la situation de la liberté et du pluralisme des médias dans l’Union européenne s’aggrave”, note le communiqué de presse. Et cette détérioration ne concerne pas seulement les jeunes Etats démocratiques. Plusieurs pays, comme le Royaume-Uni ou la France, dont l’indépendance de la presse est une longue tradition, sont également montrés du doigt.
Ainsi, lorsqu’au printemps dernier, le gouvernement britannique a permis au magnat des médias, Rupert Murdoch, dont la société News Corporation détient notamment 37 % du marché de la presse au Royaume-Uni, de prendre le contrôle total de BSkyB, le plus grand opérateur de télévision par satellite payant du pays, le quotidien The Independent a mis en garde contre le fait que “cet accord créera un conglomérat extrêmement puissant de journaux, télévisions, médias en ligne et fournisseurs d’accès à Internet, qui réduira à l’état de nains toutes les autres compagnies du secteur au Royaume-Uni, et ne serait pas autorisé dans la plupart des autres démocraties”. Quelques mois plus tard, le scandale des écoutes téléphoniques faisait violemment trembler l’empire médiatique de Murdoch ainsi que le gouvernement de David Cameron. Une des conséquences fut la fermeture de News of the World, hebdomadaire vieux de 168 ans le plus vendu au Royaume-Uni. Mais le journal ne représentant que 1 % des actifs de sa société, Murdoch possède toujours un immense empire médiatique, au Royaume-Uni et dans le monde entier en général.
En Italie, la situation est encore plus alarmante. On trouverait difficilement en Europe un concurrent à Mediaset, ce groupe de média italien appartenant à la famille de l’ancien Premier ministre Silvio Berlusconi, siège du pouvoir et de l’argent. Même s’il faut le dire, il est aujourd’hui quelque peu à la peine. “Le mélange de programmes de divertissement, de matchs de football, de films américains et de telenovelas latino-américaines constituait une recette imbattable”, écrivait récemment le Financial Times, notant que “le temps où tout allait bien pour Mediaset, parce que son propriétaire était à la tête du gouvernement, est révolu”. Le documentaire Videocracy, tourné en 2009, a mis à nu la manipulation médiatique qui a constitué la réalité quotidienne de l’Italie ces 30 dernières années, avec des conséquences incommensurables sur le développement de la démocratie dans le pays.
En Hongrie, le gouvernement nationaliste de Viktor Orbán considère lui aussi les médias comme un instrument de manipulation. Il les contrôle à travers un Conseil des médias dont les membres sont des représentants de la Fidesz, le parti au pouvoir. La loi controversée sur les médias, entrée en vigueur le 1er janvier 2012, le jour où la Hongrie a inauguré sa première présidence de l’UE, a été critiquée comme étant une entrave à la démocratie non seulement par l’opposition hongroise, mais également par les institutions européennes et par la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton. Le Parlement hongrois a eu beau assouplir cette loi fin mai, les critiques n’ont pas cessé. “Les nouvelles lois limitent la liberté de la presse”, a ainsi titré Reuters, en soulignant que la Hongrie ignorait les recommandations du Conseil de l’Europe l’invitant à réviser ses lois qui restreignent la liberté de la presse.
Pour beaucoup de gens, les médias représentent souvent l’unique source d’information sur l’actualité du monde. Il est donc essentiel de s’engager pour promouvoir l’indépendance et le pluralisme des médias et l’émergence d’une réalité médiatique qui puisse être la plus impartiale possible.
Pour plus d’informations, vous pouvez consulter le site Internet d’Alternatives européennes :
