Actualité Forum d’Avignon-Ruhr

La culture, c’est la clé

Publié le 8 juillet 2013 à 15:14

Comment la culture peut-elle permettre de résoudre des problèmes sociaux, politiques et économiques ? Telle était la question posée au Forum d'Avignon-Ruhr qui s'est tenu les 27, 28 et 29 juin derniers, à Essen.

La création retrouve sa place

La culture n'a joué aucun rôle pendant longtemps dans la Ruhr. Cette région, surtout connue pour ses houillères, ses aciéries et ses usines d'automobiles, s'efforce depuis une vingtaine d'années d'accorder à la création la place qui lui revient. Avec succès : rares sont les régions à compter aujourd'hui autant de musées, de théâtres et d'opéras. La ville de Essen a donné un élan particulier à la région en devenant en 2010 capitale européenne de la culture et porte-drapeau de la Ruhr.

2010, c'est également l'année où Essen a pris contact avec le Forum d'Avignon. Né dans cette ville du sud de la France, celui-ci s'est poursuivi à Essen cette année. 250 représentants du monde des affaires, de la culture, de l'Union européenne et du Land étaient invités au Forum d'Avignon Ruhr qui s’est déroulé à Zollverein, cette mine de charbon désaffectée aujourd’hui dédiée à la culture et qui a été inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO en 2001.

Les participants du Forum devaient réfléchir sur la façon dont la culture peut agir sur l'économie, l'urbanisme, la transition énergétique et l'interculturalité. Car "il y a longtemps que les designers ne sont plus seulement des personnes qui embellissent des surfaces mais de véritables animateurs qui développent des systèmes sociaux complexes", explique Garrelt Duin, le ministre de l'Economie et de l'Industrie de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie.

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La Commission européenne a elle aussi compris tout le potentiel que présentait la culture : la stratégie Europe 2020 entend non seulement renforcer le secteur de la créativité mais aussi promouvoir des partenariats entre les différents secteurs. La culture, qui est si cruellement négligée en période de crise, revient donc officiellement au premier plan.

Le Forum d'Avignon-Ruhr posait toutefois la délicate question de la définition de la culture. Ce terme recouvre à la fois la grande culture, la culture populaire, les Beaux-Arts, la science et la philosophie ; de quoi parlait-on donc exactement ?

"Il est difficile de mener ce genre de débat de façon précise mais si on ne parle que de la culture au sens étroit du terme, on tourne en rond", explique Dieter Gorny, le directeur du European Center for Creative Economy qui organisait le Forum.

Il s’agit donc de réfléchir sur la façon de transmettre la mentalité de la culture à d'autres domaines. "Les artistes sont des perturbateurs, ils peuvent contribuer à remettre en question la façon dont pensent les gens. Le propre de l'art, c'est de sortir des structures et d'exiger du nouveau", selon Gorny.

Perturbation positive

L'agence suédoise Tillt constitue à cet égard un très bon exemple. Cette structure cherche à améliorer le monde du travail par l'art et la culture : elle met en contact artistes et entreprises pour que les premiers leurs apportent des solutions. Un chef d'orchestre a ainsi montré au directeur d'un grand groupe énergétique comment il parvient à faire jouer ensemble une somme d'individus.

Autre exemple concret dont les habitants d’Essen gardent un excellent souvenir : le projet Wände Südost qui a réuni artistes, travailleurs sociaux, médecins et responsables culturels, venus d'Allemagne et de onze autres pays du monde entier. Ensemble, ils ont transformé le mur antibruit de l'autoroute A40 qui traverse le quart sud-est de Essen, en une fresque de 3,5 kilomètres de long. Ce mur, habituellement perçu comme une barrière menaçante – un gros problème de la ville – a ainsi cessé d'être un épouvantail. C'est ce que Florian van Rheinberg, le chef de projet de l'unité culturelle de Essen Storp 9, appelle une "perturbation positive de l'espace public."

Ce genre de projets n’est évidemment pas nouveau - qu'on songe à la East Side Gallery - mais il est important que les acteurs culturels et politiques s'y intéressent de nouveau. Car la culture a besoin d’argent et de reconnaissance, surtout en temps de crise.

Traduction : Isabelle Boudon

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