Le Caucase Nord recycle les vieilles gloires du football

Publié le 10 mars 2011 à 10:37

Pour son premier match sous les couleurs de l'Anzhi Mahachkala, le défenseur Roberto Carlos, ex-international du Brésil et vainqueur de la Coupe du Monde 2002, a concédé une défaite 2-3 face au Zénith de Saint-Pétersbourg, rapporte L’Equipe. Makhachkala, une ville du Daguestan, dans le Caucase Nord en Russie, avait fini l’année passée dans bas du classement de la première division russe. Mais, comme le rappelle l’AFP, "le club a bénéficié d’un sérieux coup de pouce budgétaire depuis son rachat en janvier par le magnat du pétrole Suleiman Kerimov". Ce qui lui a permis, à la manière des richissimes clubs des pays du Golfe, de s’attirer les services de mercenaires du ballon rond, souvent des anciennes gloires proches de la porte de sortie. Comme Roberto Carlos, dont le salaire annuel est estimé à plus de six millions d'euros dans le Caucase.

A ce prix-là, les meilleurs tacticiens sont prêts à venir s’installer dans une région de prime abord peu hospitalière, "pacifiée" sous la violence. C’est le cas, souligne La Libre Belgique, de l’ex-sélectionneur de Chelsea Ruud Gullit, devenu en janvier dernier entraîneur du FC Terek de Grozny, un club présidé par l’autocrate tchétchène Ramzan Kadirov. Sa feuille de route est exigeante : une qualification en Ligue des champions dès 2012. Un peu à la manière du club ukrainien Shaktar Donetsk, le modèle de tous les milliardaires aspirants directeurs sportifs. Le magnat Rinat Akhmetov a investi jusqu’à 100 millions de dollars par an au Shaktar, construit un nouveau stade de 51'000 places à Donetsk et engagé des recrues prestigieuses en leur offrant des ponts d’or, jusqu’à remporter la Coupe de l’UEFA en 2009. Le rêve, pour tout satrape en mal de sensations fortes.

Le problème, c’est que ces coups d’éclat extrêmement onéreux, organisés pour le bon plaisir des "happy few", ne font qu’alimenter davantage l’immense bulle spéculative qui menace aujourd’hui d’éclater dans le monde du football. "Il n'est pas sain que des agents vendent le même joueur tous les ans et touchent des commissions sans limites", s’insurgeait récemment le président de l’Olympique lyonnais Jean-Michel Aulas dans El Paìs. Ainsi, selon l'AFP, le transfert de Roberto Carlos au Daguestan aurait "permis à des agents de football européens de faire du chantage auprès de présidents de clubs, en les menaçant de voir leurs stars partir en Russie". De Kazan à Grozny, le programme "Pétrole contre crampons" semble encore avoir une belle marge de croissance.

Photo: boris

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