Le prix de la rigueur

Publié le 20 janvier 2012 à 14:19

Qui a dit que les Roumains avaient un don pour supporter la rigueur ? Juste avant que n’éclatent les protestations des “indignés” à Bucarest, un éditorialiste roumain se scandalisait que le Financial Times suggère que ses compatriotes se soient “familiarisés avec l’austérité”, alors que d’autres en Europe faisaient part de leur admiration envers l’endurance des Roumains face aux mesures imposées par le FMI.

Le prêt de 13 milliards d’euros contracté en 2009 a certes sauvé la croissance du pays, mais à quel prix ? Des manifestations ont accompagné chacune des mesures de rigueur adoptées par l’exécutif roumain : augmentation de la TVA, réduction des salaires de fonctionnaires, semaine de travail de 60 heures… A chaque fois, la catégorie visée est descendue dans la rue.

Mais le ras-le-bol de ces derniers jours, qui a éclaté suite à la démission du très populaire sous-secrétaire d’Etat Raed Arafat pour protester contre la privatisation du système de santé public, a atteint tous les Roumains : de droite comme de gauche, ils ont investi la rue pour s’en prendre à la classe politique tout entière.

Il faut croire qu’ils avaient atteint les limites de leur proverbiale capacité à endurer les sacrifices. Le gouvernement, lui, reste impassible.

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Après avoir supporté le discours de responsables politiques qui répètent le dyptique “austérité-solidarité” et rejettent leurs échecs sur l’Europe au lieu de tenter de conjuguer rigueur et croissance, les Roumains ont dit “assez !”.

Les révoltés roumains ne sont ni plus ni moins que le reflet d’un mécontentement qui pourrait embraser toute l’Union européenne. Car les Européens supportent de moins en moins qu’on leur réclame des sacrifices sans leur dessiner de perspective claire ni faire de pédagogie.

Pour que le projet Europe vive encore, il faut autre chose”, écrivait Luca Niculescu, dans Revista 22 après le sommet européen du 9 décembre. Faire comprendre que la stabilité passe par l’austérité reste une tâche difficile face à des peuples déjà éprouvés par la crise. “Il y aura d’autres manifestations”, prévoyait Niculescu. C’est une évidence.

Pour y remédier, les responsables doivent changer d’attitude. Qu’ils en finissent avec ces sommets à chaque fois “cruciaux”.

Ils doivent tout simplement expliquer, avec patience, que la disparition de la monnaie unique signifierait bien plus que le retour à la peseta, au franc ou au mark, et comprendre,comme le souligne le philosophe néerlandais Paul Scheffer, que l’adhésion des citoyens ne se gagne qu’avec des arguments solides. Car la mort de l’euro signifierait tout simplement la fin de l’Union.

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