Le sacre du Parlement

Publié le 27 novembre 2009 à 11:20

Le traité de Lisbonne, qui entre en vigueur le 1er décembre, fait au moins 736 heureux : les députés européens, dont les pouvoirs augmentent avec le nouveau texte. Sur les questions de justice, les affaires intérieures, et surtout le budget et la politique agricole, les eurodéputés vont être plus influents qu’ils ne l’ont jamais été. Sans que l’on réalise encore comment cela va modifier le fonctionnement de l’UE.

"Je pense qu’à un moment, on se dira : ‘Mon Dieu, qu’avons-nous fait ?’", remarquait récemment le politologue Hugo Brady sur euobserver.com. Car avec Lisbonne, tout est en place pour remettre les Etats au centre du jeu : la fin des ambitions fédéralistes, un président de la Commission (José Manuel Barroso), un président du Conseil (Herman Van Rompuy) et une Haute représentante aux Affaires étrangères (Catherine Ashton) choisis pour ne pas faire de l’ombre aux dirigeants des grands pays. Tout, sauf le renforcement des droits du Parlement.

Accorder plus de poids aux seuls élus de toute la machine communautaire est évidemment une bonne chose. Mais en l’absence de vraie représentation européenne – avec des partis, des programmes et des campagnes électorales qui dépassent les enjeux locaux – cette nouvelle puissance parlementaire risque fort de ne s’exercer que de manière politicienne.

Un premier exemple risque d’en être les auditions des commissaires européens. Nous savons que les nominations de Van Rompuy et Ashton sont avant tout le fruit d’une négociations entre la droite et la gauche européennes. Et déjà les eurodéputés fourbissent leurs armes pour faire tomber l’un ou l’autre des candidats à un portefeuille de commissaire. Comme le rapporte Gazeta Wyborcza, le Tchèque Štefan Füle et le Hongrois László Andor sont sur la sellette pour leur passé sous le communisme. Alors qu’ils sont attendus sur des problèmes concrets, il serait dommage que les élus fassent passer leurs querelles nationales et leur volonté de s’affirmer avant l’intérêt général. E.M.

Le meilleur du journalisme européen dans votre boîte mail chaque jeudi
Tags
Cet article vous a intéressé ? Nous en sommes très heureux ! Il est en accès libre, car nous pensons qu’une information libre et indépendante est essentielle pour la démocratie. Mais ce droit n’est pas garanti pour toujours et l’indépendance a un coût. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à publier une information indépendante et multilingue à destination de tous les Européens. Découvrez nos offres d’abonnement et leurs avantages exclusifs, et devenez membre dès à présent de notre communauté !

Média, entreprise ou organisation: découvrez notre offre de services éditoriaux sur-mesure et de traduction multilingue.

Soutenez le journalisme européen indépendant

La démocratie européenne a besoin de médias indépendants. Rejoignez notre communauté !

sur le même sujet