Bonne année quand même

Publié le 4 janvier 2010 à 10:33

Au début de la nouvelle année, les Français ont l’habitude de se souhaiter "Bonne année, bonne santé". En 2010, l’Union européenne aura besoin d’un bon docteur pour passer une bonne année car les signes de fièvre et de fatigue sont nombreux :

- "Nous ne pouvons pas espérer que la récession soit rapidement surmontée", a prévenu la chancelière Angela Merkel dans ses voeux. Nous allons encore entendre parler de chômage, de baisse du niveau de vie et de manque de confiance dans l’avenir. La Grèce tentera de conjurer le risque de la faillite, tandis que l’Irlande, l’Espagne ou la Lettonie tenteront d’enrayer la spirale de la crise. C’est l’avenir même de la monnaie unique qui pourrait être en jeu si la situation s’aggrave.

- L’engagement en Afghanistan de soldats néerlandais, français et surtout allemands et britanniques devient un sujet de malaise au sein de l’opinion publique et commence à fragiliser des gouvernements.

- Les élections au Royaume-Uni pourraient porter à la tête du pays le Parti conservateur de David Cameron, au sein duquel les opposants à l’Europe semblent avoir de plus en plus d’influence. Les scrutins tchèque et polonais détermineront eux aussi les rapports de force entre pro-européens et eurosceptiques, et tous auront une influence décisive sur les équilibres politiques dans l’UE.

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- Les élections en Hongrie et en Slovaquie risquent d’accroître les tensions entre les deux pays. Les extrémistes de droite du Jobbik, en pleine ascension à Budapest, et le Parti national slovaque, qui voudra conserver ses positions au sein du gouvernement, vont jouer la corde nationaliste au sujet du sort de la minorité hongroise en Slovaquie.

- L’immigration et les questions sur la place de l’islam en Europe vont continuer à alimenter tensions sociales et politiques au travers du débat sur l’identité nationale en France, mais aussi de la campagne pour les élections législatives aux Pays-Bas (début 2011), où le Parti de la liberté du populiste Geert Wilders espère des gains, et des régionales en Italie, où la Ligue du Nord tentera de fortifier ses bastions.

Paradoxalement, la rémission pourrait venir des échecs de 2009. La laborieuse entrée en vigueur du traité de Lisbonne, le 1er décembre, doit être l’occasion de trouver un mode de fonctionnement stable et durable entre les différentes instances. Les premiers pas du terne président du Conseil, Herman Van Rompuy, sont encourageants, puisqu’il souhaite avant tout simplifier et rendre plus accessible le travail de l’UE.

Après son échec au sommet de Copenhague, où elle n’a pu se faire entendre face aux Etats-Unis et à la Chine, l’Europe doit s’unir pour proposer et mettre collectivement en œuvre un modèle économique et technologique qui réponde au double défi du changement climatique et de la crise. La preuve étant faite qu’ils ne pèsent rien sans volonté commune, les Vingt-Sept ne peuvent faire autrement s’il veulent passer l'année, voire la décennie, en bonne santé.

D'ici là, à nos lecteurs dans les dix langues, les journalistes et traducteurs de Presseurop souhaitent une belle et heureuse année 2010.

Eric Maurice

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