La Pologne à l’épreuve

Publié le 12 avril 2010 à 10:24

Il est des moments, dans l'histoire des nations, qui aguerrissent les esprits et façonnent l'avenir. Nous les Polonais, venons de vivre l'un de ces moments, avec la tragédie qui s'est déroulée ce samedi près de Smolensk, et dans laquelle ont péri notre président et des membres des élites politiques nationales. Après le choc et l'incrédulité des premières réactions sont venus le désespoir, la douleur et le chagrin, alourdis par la dimension symbolique de la catastrophe. Soixante-dix ans après le massacre des élites polonaises par le NKVD, la Pologne paie à nouveau un lourd tribut sur le sol de Katyń. L'Histoire vient encore de nous jouer un tour d'une cruelle ironie.

Drames et souffrances font partie de l'ADN de la Pologne. Heureusement, ils vont de pair avec une capacité à surmonter les plus grandes difficultés. Dans ces moments, nous savons tirer le meilleur de nous-mêmes : compassion, solidarité, dignité et magnanimité. Autant de qualités visibles dans les larmes de tous ceux réunis devant le palais présidentiel vide pour allumer des cierges et prier.

La Pologne n'est pas seule dans son deuil. Des paroles de consolation et de compassion du monde entier arrivent à Varsovie. Qui aurait cru que des millions de personnes, sur la planète entière, partageraient la tragédie d'un petit pays d'Europe centrale, et que même le lointain Brésil déclarerait trois jours de deuil national en signe de solidarité avec la Pologne ? Comme la disparition de Jean-Paul II il y a cinq ans, la tragédie de Smolensk a pour effet de resserrer les liens de la nation polonaise et de faire oublier les différends existants et les querelles politiques. Immédiatement, certains se sont demandé combien de temps allait durer ce bouleversement. Il faut qu'il dure, si nous voulons faire face aux défis qui nous attendent.

Ces défis sont nombreux. D'ici à deux semaines, nous connaîtrons la date de l'élection présidentielle anticipée. Personne ne sait qui sera le candidat le mieux placé ni si le parti Droit et Justice présentera un candidat à la magistrature suprême après la mort de Lech Kaczyński. Mais auparavant, il nous faudra pourvoir les postes vacants au sommet de la hiérarchie militaire, au cabinet présidentiel, à la Diète et au Sénat, et désigner un nouveau gouverneur de la Banque centrale de Pologne. Les semaines à venir mettront donc à l'épreuve nos acteurs politiques, nos institutions et la société tout entière. Espérons que la Pologne saura passer cette épreuve avec brio. Maciej Zglinicki

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