C’est notre guerre aussi

Publié le 18 janvier 2013 à 14:28

Ce qui devait arriver arriva : avec l’extension à l’Algérie du conflit malien, l’opération militaire lancée par la France il y a une semaine pour bloquer l’avancée des milices islamistes qui contrôlent le Nord du Mali prend la tournure d’une guerre longue et difficile. Une guerre que la France ne peut espérer remporter seule, sans l’aide de ses partenaires européens, si ce n’est de l’OTAN.

L’implication — militaire, humanitaire et diplomatique — des Vingt-Sept est d’autant plus opportune que la crise en cours est le résultat d’une situation connue depuis longtemps et vis-à-vis de laquelle ils ont adopté la politique de l’autruche. Dans sa stratégie pour le développement du Sahel (mars 2011), l’UE fait bien état du contrôle “direct” et “indirect” d’Al Qaida sur une partie de la région. Mais elle mise davantage sur l’aide au développement et la coopération régionale que sur la lutte contre les milices islamistes.
Il n’y a là rien d’étonnant, car c’est un secteur dans lequel l’UE a une expertise reconnue. Mais c’est faire abstraction d’un des principaux — si ce n’est le principal — obstacle à l’essor économique d’une région qui enregistre déjà un taux de croissance enviable.
Et cet obstacle, les Européens n’ont pas l’air de vouloir l’appréhender autrement qu’avec des bonnes intentions, quelques avions de transport et l’envoi de formateurs destinés à des armées locales bien incapables de faire face à des jihadistes aussi aguerris que motivés. On l’a vu encore ce jeudi, lors de la réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de l’UE.

Or, tout indique que cela ne sera pas suffisant pour libérer la région de la menace que représentent ces milices, à la fois pour les pays directement impliqués et pour l’Europe. Leur neutralisation — peut-on négocier avec elles ? — est une condition essentielle pour la stabilisation de la région et son essor économique. Les Européens peuvent encore bénéficier d’une certaine bienveillance de la part des populations concernées, confrontées à la réalité ou à la perspective de la dictature des gangs islamistes.

Qu’on le veuille ou non, de par ses implications, cette guerre est aussi celle des Européens. Ils feraient mieux de sortir la tête du sable et d’assumer leurs responsabilités — seuls ou au sein de l’UE — tant qu’ils jouissent encore d’un capital de sympathie dans la région.

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