Budget et démocratie

Publié le 11 février 2013 à 14:11

Après une négociation marathon qui relevait davantage du souk que des salons feutrés de la diplomatie, les chefs d’Etat et de gouvernement des Vingt-Sept ont fini par adopter le budget de l’Union pour 2014-2020.
Un budget en baisse par rapport au précédent pour la première fois de l’histoire de l’Union, afin, selon les uns, d’être en cohérence avec la politique de coupes budgétaires adoptée par les Etats membres. Ou de limiter la gabegie financière que représentent certaines subventions, selon les autres.
Ainsi, à la sortie du Conseil européen, tous ont pu crier victoire et annoncer à leurs opinions publiques respectives qu’ils avaient obtenu gain de cause : les Britanniques, en faisant baisser le montant du budget ; les Français, en sauvant les subventions européennes, à commencer par celles pour l’agriculture ; les Allemands, en soulignant qu’ils étaient au coeur de tous les arbitrages.
Affaire close, donc ?
Loin de là. Car c’était compter sans les trublions du Parlement européen : quelques minutes après que les dirigeants européens eurent fini de plastronner, les quatres principaux groupes politiques (Conservateurs, Sociaux-démocrates, Libéraux et Verts) annonçaient dans un communiqué conjoint : "le Parlement ne peut accepter l’accord de ce jour au Conseil européen en l’état” et de lancer que “les véritables négociations vont commencer maintenant au Parlement européen”.
La veille du sommet, les eurodéputés avaient pourtant bien mis en garde les Vingt-Sept contre toute volonté de “sacrifier l’avenir de l’UE à la crise actuelle” et les avaient sommés de “ne pas utiliser la crise économique comme prétexte pour imposer l’austérité sur l’UE jusqu’en 2020”.
A présent que la balle est dans leur camp, les représentants des peuples de l’Union ont bien l’intention de faire valoir leurs prérogatives et de renégocier le texte issu du Conseil. Ils vont ainsi rappeler aux Etats membres que la rigueur n’est pas une fin en soi et que, pour sortir de la crise, l’Europe a besoin d’investissements à long terme qui viendraient soutenir la croissance. Et, surtout, que l’avenir de l’UE ne se négocie pas à huis clos, au nez et à la barbe de la seule institution démocratiquement élue de l’Union. Et c’est tant mieux.

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