Entre Moscou et Bruxelles, il y a comme un froid

Publié le 21 décembre 2012 à 13:00

Le 30ème sommet UE-Russie, ces 20 et 21 décembre à Bruxelles, a été marqué par les différends qui opposent les deux partenaires : de l’attitude envers la Syrie à l’énergie, en passant par les droits de l’homme, l’Iran, le printemps arabe et le commerce. Autant de sujets soigneusement évités lors du dîner auquel ont participé le président russe Vladimir Poutine et les présidents du Conseil et de la Commission européens, Herman Van Rompuy et José Manuel Barroso, mais revenus — en particulier pour ce qui est de l’énergie et du commerce — sur la table lors de la réunion de ce vendredi avec les dirigeants des Vingt-Sept.

L’atmosphère risque d’être d’autant plus pesante, note The Guardian, que Poutine semble sourd aux appels de l’Europe pour davantage de démocratie et que

le Parlement européen a adopté le 13 décembre une résolution demandant la fin des persécutions, des arrestations et des détentions pour des motifs politiques.

Le chercheur Dan Steinbock explique à EUobserver que les récentes tensions commerciales entre Bruxelles et Moscou vont probablement peser sur la rencontre, mais les deux parties vont dépasser leurs différences et "se mettre d'accord pour ne pas se mettre d'accord." Il écrit que

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dans un environnement d'après-crise, les vieilles positions de marchandage ne tiennent plus. Du point de vue de l'UE, le pouvoir énergétique de la Russie va décliner avec le temps. Du point de vue de la Russie, Bruxelles n'a ni le pouvoir économique ni de prétexte moral pour faire la leçon à Moscou.

Il ajoute que même si l'UE reste dépendante de l'énergie russe, les récentes découvertes de gaz de schiste pourrait ébranler cet équilibre énergétique, ajoutant que

sur le long terme, l'importance économique et stratégique de l'UE comme de la Russie va décliner sur la scène mondiale. La vraie question est de savoir qui de la Russie ou de l'UE sera la première à embrasser cet avenir multipolaire - et à développer des échanges adéquats.

Un avis que partage Le Monde, pour qui ce sont “deux espaces en crise identitaire” qui se sont rencontrés à Bruxelles :

L’UE est déchirée entre le ressentiment de ses peuples, éreintés par la crise, et la nécessité d’une intégration politique et budgétaire audacieuse. La Russie, elle, stagne, se raidit, faute de savoir où aller.

Le quotidien parisien explique que

les partisans d’un rapprochement entre l’UE et la Russie mettent en exergue les intérêts communs, la collaboration énergétique, les investissements croisés, la proximité culturelle. Ils feignent d’ignorer le gouffre qui se creuse entre les deux ensembles sur le plan des valeurs : la Russie renvoie l’UE à cette question : de quelle construction européenne peut-il être question si nous renonçons à en défendre les fondements ?

Surtout que Le Monde rappelle que “la Russie n’est pas l’Occident. Et qu’elle ne veut plus l’être.”

La crise économique en Europe et aux Etats-Unis l’a convaincue de chercher ses références ailleurs. Mais Moscou demeure incapable de définir ce qu’est son chemin particuliers en termes positifs. Le régime voit le monde comme étant instable et dangereux.  

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