Intégrité publique

Une nouvelle carte d’Europe de la corruption

Un indice développé par un groupe de chercheurs mesure la corruption grâce à des variables objectives plutôt qu'à travers la perception des citoyens

Publié le 9 juin 2016 à 10:34

Depuis 1995, lorsqu’il a été calculé pour la première fois, l’Indice de la corruption perçue (ICP) de Transparency International est devenu la référence en matière de niveaux de corruption. La Norvège y figure en cinquième position parmi les pays les moins corrompus.

Un nouveau classement, où elle figure en première position, a été récemment établi par le nouvel Index de l’intégrité publique (IPI) calculé par le projet ANTICORRP, un groupe de recherche financé par l’Union européenne. Selon ses auteurs, l’Index mesure le degré de corruption d’un pays sur la base de variables objectives, au lieu de se fonder sur la perception de ce degré par les habitants.

La nouvelle mesure est pour l’essentiel en accord avec celle traditionnelle établie par l’Indice de corruption perçue et les données de la Banque mondiale sur la répression de la corruption. Mais elle montre également qu’en Europe, les Italiens jugent leur gouvernement plus corrompu qu’il ne l’est réellement, alors que les Allemands ont une image légèrement trop favorable de leur administration.

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En effet, l’Italie n’est que vingt-septième selon l’ICP, mais vingtième selon l’IPI, parmi les 28 pays de l’Union européenne. L’Allemagne occupe la sixième place selon l’ICP, mais la huitième selon l’indice d’ANTICORRP. L’Autriche passe de la dixième à la quatorzième position, la Belgique de la neuvième à la onzième et la Croatie de la vingtième à la vingt-huitième. La République tchèque progresse quant à alle, en passant e la dix-neuvième place à la quinzième.

L’IPI exploite les données disponibles publiquement dans six domaines-clé identifiés par les chercheurs pour mesurer la corruption : l’indépendance des juges, la lourdeur des démarches administratives, l’ouverture au commerce, la transparence budgétaire, la citoyenneté électronique et la liberté de la presse.

Ces critères se basent sur le cadre théorique mis en place par Alina Mungiu-Pippidi, professeure à la Hertie School of Governance, et une équipe de l’European Research Centre for Anti-Corruption and State-Building (Centre européen de rercherche sur l’anti-corruption et l’établissement de l’Etat de droit, ERCAS). Les chercheurs d’ANTICORRP se sont également servis d’une définition plus large de la corruption, qui comprend entre autres aussi l’attribution de marchés publics ou de fonds à des “amis” politiques.

La corruption reste un problème en Europe, a affirmé récemment Mungiu-Pippidi lors d’une récente conférence sur l’anti-corruption qui s’est déroulée au centre de réflexion Bruegel, à Bruxelles. Elle est responsable pour moitié de la perte de confiace dans les institutions de l’UE constatée lors des dernières élections européennes. “Si tous les pays de l’UE pouvaient contrôler la corruption comme le font les Etats les plus avancés, nous économiserions d’un coup la moitié du budget de l’UE pour cette année”, notamment grâce à de nouvelle rentrées fiscales, a-t-elle déclaré.

Pourtant, l’Europe “est en train d’agir plus que jamais auparavant” pour combattre la corruption, a ajouté Carl Dolan, directeur du bureau de Transparency International pour l’Europe, à Bruxelles, “même si le cadre juridique européen est faible et qu’il reste encore beaucoup à faire.

Cet article est publié en partenariat avec ANTICORRP

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