Crise de l'euro

Un Trafalgar pour Merkel et Sarkozy ?

Publié le 10 mars 2011 à 16:26

"Sommes-nous avant Trafalgar ? La bataille du ‘continent de l'euro' contre les marchés anglo-saxons va se livrer le 11 mars", prévient Eric Le Boucher. L'éditorialiste des Echos explique que le sort de cette bataille "dépend du couple franco-allemand, de Nicolas Sarkozy et d'Angela Merkel". Les deux dirigeants veulent convaincre leurs partenaires de la zone euro de faire adopter leur pacte de compétitivité lors du Conseil européen du 25 mars.

Avec ce pacte, "la chancelière a préparé une liste de demandes particulièrement longue", note la Süddeutsche Zeitung. Et "beaucoup lui concèdent des chances d'en imposer beaucoup, ce qui tient aussi au fait qu'elle est inconditionnellement soutenue par Nicolas Sarkozy. Le Français veut être réélu l'année prochaine. Apparemment il croit fortement pouvoir convaincre plus d'électeurs en suivant le modèle économique allemand que celui des Européens du Sud à court d'argent."

"D'un côté, les Français acceptent les principes germaniques de rigueur budgétaire. De l'autre, l'Allemagne accepte l'idée d'un 'gouvernement économique' pour tenir compte des autres aspects de la compétitivité économique : conversion pas évidente outre-Rhin", résume Eric Le Boucher. "Malheureusement, Pologne, Autriche, Pays-Bas sont montés au créneau contre ce qu'ils perçoivent comme une ingérence dans leur souveraineté nationale et un diktat de Berlin et de Paris. Herman Van Rompuy a édulcoré les propositions de gouvernance. Les contraintes sur les Etats deviennent des préconisations. Le deal est menacé tandis qu'en Allemagne des économistes dénoncent ce qu'ils estiment être un chèque en blanc aux Etats dépensiers."

"Mme Merkel et M. Sarkozy sont placés en face de leur responsabilité", ajoute l'éditorialiste français. "Il leur revient d'éviter un Trafalgar. La souveraineté des petits Etats est à respecter, c'est le principe de l'Europe, mais leurs gouvernements doivent voir que cette souveraineté est plus menacée par un regain de guerre financière que par le 'diktat'."

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Mais "avant de donner quoi que ce soit, Merkel veut voir d'abord ce qu'elle aura en retour", prévient la *Süddeutsche Zeitung*. Sans le pacte de compétitivité il n'y aura pas de 'oui' à un fonds de sauvetage durable. Sans un autre stress test pour les banques elle ne décidera pas d'une réforme du fonds existant. Sans savoir comment se présente la situation en Grèce et en Irlande, Berlin ne cédera pas aux demandes de ces pays d'une réduction des taux d'intérêts sur les emprunts. 'Qui paye, décide', tel est le message pragmatique."

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