Murdoch fait profil bas devant le Parlement

Publié le 20 juillet 2011 à 12:55

"Murdoch ravale sa fierté", titre The Guardian à l’issue de l’audition du baron de la presse devant le Parlement, où il a dû répondre à des questions sur le scandale des écoutes qui ébranle aujourd’hui son empire médiatique. D’après le quotidien de Londres, "Rupert Murdoch a maintenu mardi avec obstination qu’il n’était pas responsable de ce qu’il a décrit comme des ‘violations horribles, répugnantes’ de la vie privée perpétrées par sa société, affirmant qu’il avait été trahi par des collègues indignes et anonymes, et qu’il n’avait rien su de ces écoutes ni de leur dissimulation". Au bout de deux semaines qui ont vu les démissions se succéder tant parmi les dirigeants de News International qu’à la tête de la police de Londres, tandis qu’un ancien journaliste de Murdoch se suicidait, le géant des médias a déclaré que cette audition avait été "le jour le plus humble de toute [s]a carrière". Ce qui ne l’a pas empêché de rappeler aux parlementaires que News of the World, un tabloïd du dimanche, ne représentait que 1 % de son empire, News Corp.

Les premières pages de la presse britannique reviennent à l’envi sur cette image de "fierté ravalée". The Independent, lui, a préféré mettre en lumière dans quelle mesure le scandale est en train de saper l’assise du Premier ministre David Cameron, qui avait auparavant engagé comme directeur de ses relations publiques Andy Coulson, ancien rédacteur en chef de News of the World impliqué dans l’imbroglio. "La crise des écoutes se rapproche de Cameron", clame le quotidien londonien. On a appris entretemps que Neil Wallis, ancien rédacteur en chef adjoint de News of the World arrêté la semaine dernière, avait travaillé pour le parti conservateur de Cameron avant les élections de 2010. "Nouveau coup dur pour le Premier ministre, poursuit The Independent, on annonce que son chef de cabinet, Ed Llewellyn, avait demandé à Scotland Yard de ne pas évoquer les écoutes lors d’une réunion à Downing Street en septembre dernier, quatre mois avant que Coulson ne quitte son poste au N° 10." D’aucuns laissant entendre que le Premier ministre aurait été averti de l’implication des journalistes dans l’affaire des écoutes avant de les embaucher, sa capacité de jugement est de plus en plus remise en cause. The Independent souligne que "le Premier ministre a l’air de plus en plus isolé aux yeux de ses fidèles, qui s’inquiètent du fait que des membres du cabinet, dont le Chancelier George Osborne et la baronne Warsi, présidente du parti conservateur, ne lui aient pas manifesté leur soutien".

Le "véritable scandale que les parlementaires ignorent", ainsi que le proclame en titre le Daily Mail, ne repose toutefois ni sur cette saga ni sur la bouffonnerie d’une enquête où l’on a vu un homme "entarter" Rupert Murdoch avec une assiette de crème à raser, avant de lui-même recevoir une claque de la part de Wendi Deng, la femme de Murdoch. "Pendant que Westminster s’agite autour de l’hystérie suscitée par les écoutes, l’économie européenne flambe, déplore le tabloïd. Comme si cela ne suffisait pas, il est apparu hier que les principaux responsables de l’effondrement économique du Royaume-Uni – les banquiers et les agents du secteur financier – ont empoché pour plus de 15 milliards d’euros de bonus cet année". Le secteur financier représente 4 % des emplois au Royaume-Uni mais encaisse 40 % des bonus. "Le montant exorbitant que représentent ces bonus ne peut qu’indigner les millions de travailleurs anglais qui triment tous les jours pour joindre les deux bouts en cette période de récession", écrit le Daily Mail, notant au passage que certains des plus gros bonus ont été versés par des banques semi-publiques, autrement dit payées par le contribuable.

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