Elections en Grèce – Vu d’Europe

“Athènes n’a pas intérêt à perdre le soutien de l’UE”

Après la victoire de la gauche radicale de Syriza aux élections anticipées du 25 janvier, la presse européenne se demande ce que le premier gouvernement ouvertement anti-austérité va signifier pour l’Union.

Publié le 26 janvier 2015 à 15:38

Mené par Alexis Tsipras, 40 ans, Syriza a remporté 36,3% des voix et 149 des 300 sièges du Parlement. Le parti a annoncé qu’il va former une coalition avec le parti de droite populiste des Grecs indépendants.

La Grèce va vers la gauche”, titre en Une le quotidien allemand de gauche Die Tageszeitung, qui bouscule pour l’occasion la carte de la Méditerranée. “La Grèce a voté démocratiquement ; le résultat doit être respecté”n écrit Klaus Hillenbrand, en ajoutant que le vote “porte en lui des occasions et des risques” :

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[La victoire] est une chance pour la Grèce de se libérer du népotisme et de la corruption. […] Syriza ne peut éviter de négocier avec les créditeurs européens ; la Grèce ferait faillite en quelques mois. […] Mais l’Europe doit prendre ces négociation au sérieux.

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Titrant sur “Le changement historique vers la gauche en Grèce”, le quotidien conservateur Die Welt écrit que “la Grèce a un besoin urgent d’un gouvernement qui fonctionne”. Une réunion des ministres des Finances de la zone euro est prévu aujourd’hui à Bruxelles :

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les experts estiment que Syriza ne poursuivra pas sur une route de collision avec les créditeurs de la Grèce. […] Les analystes de Commerzbank estiment qu’Athènes n’a pas intérêt à perdre le soutien de l’UE, ce qui rend une sortie de la Grèce de l’euro peu probable.

En Espagne, El Periódico titre sur “La Grèce qui en a assez”, mettant l’accent sur le fait que “les Grecs ont dit fort et clair ‘non’ à l’austérité”. A Bruxelles, “après avoir lancé toutes sortes d’alertes, on s’est préparé pour la victoire de Syriza, sans vouloir retourner la table, tout comme le parti de Tsipras”, écrit le quotidien de Barcelone, selon lequel,

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Personne ne veut qu’Athènes abandonne l’euro. Certes, sa dette est très élevée, mais il y a des moyens de prolonger les délais et négocier des réductions, du moment qu’elles ne se confondent pas avec une renonce. L’UE sait être pragmatique et Tsipras aussi a prouvé qu’il peut l’être en modérant son discours […] Seul le temps dira si c’est le changement dont la Grèce et l’Europe ont besoin. Pour l’instant, l’indignation a cédé la place à l’espoir.

Au Royaume-Uni, The Independent clame à la Une que “La Grèce et l’UE sont sur une route de collision après la victoire de la gauche”. Le quotidien ajoute que le conflit semble inévitable après l’arrivée au pouvoir d’un parti anti-austérité, et que Syriza et l’UE peuvent être en mesure de trouver un terrain d’entente :

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En théorie, un parti radical comme Syriza est dans une position bien meilleure pour introduire des réformes structurelles que Nouvelle démocratie, le parti du désormais ancien Premier ministre Antonis Samaras, qui représentait l’establishment politique et économique. Un des problèmes que la Troïka, c’est que les réformes avaient perdu toute légitimité parce que le changement était perçu comme imposé depuis l’étranger, et en particulier depuis l’Allemagne. Un compromis entre la Grèce et l’UE doit être possible, mais le problème demeure le fait que les dirigeants de l’UE ont toutes les cartes et pourraient être tentés d’imposer leur volonté indépendamment du vote des Grecs.

Syriza en première place après le scrutin, écrit le quotidien bucarestois Adevărul, en citant le gagnant Alexis Tsipras, qui avait annoncé que son combat “est pour tous les peuples de l’Europe”. D’ailleurs, le journal se demandeQuand est-ce que le populisme va apparaître ?

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Alexis Tsipras — dont c’est le tour d’effrayer l’Europe —, c’est une étoile de la politique socialiste, anarchiste et populiste de la Grèce. Il y a beaucoup de “Tsipras” en Europe, de gauche ou de droite. […] Mais que dit l’ascension de Tsipras ? Premièrement que si les gens ne sentent pas vite venir le bien-être promis, tout pays peut se réveiller avec un politicien jeune, populiste et anti-système au sommet de l’administration.

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