Idées Réfugiés en Europe

Dix mythes à démonter

Rien d’étonnant si les lecteurs des tabloïds pensent que les réfugiés qui tentent d’entrer en Europe ne sont que des chapardeurs qui menacent la civilisation européenne. Si la crise en cours met effectivement à l’épreuve l’Europe, il y a quelques idées reçues que le journaliste maltais Herman Grech tient à démonter.

Publié le 10 septembre 2015 à 10:12

Si le fait d’indiquer comme boucs émissaires les migrants de la part de Nigel Farage ou de Marine Le Pen empêche tout débat nuancé, je reconnais que le flux de migrants vers l’Europe est en train de se transformer en problème.

Mais tant que nous n’avons pas une baguette magique pour éradiquer la guerre et vouer la pauvreté aux oubliettes de l’histoire, il faut se rendre à l’évidence que les migrations sont là pour un moment et qu’il n’y a pas de barrière de fil barbelé en Europe qui pourra empêcher aux gens de fuir. La moindre des choses est donc d’essayer de désamorcer dix mythes à ce sujet.

MYTHE 1 : Tout le monde veut aller vers l’UE
Ils sont nombreux, mais la majorité ne le veut ou ne le peut pas. Pour remettre les choses en perspective : le Liban, un petit pays de 4,5 millions d’habitants, accueille à présent 1,2 millions de réfugiés. La Turquie et la Jordanie – des pays nettement moins prospères que l’UE – se taillent la part du lion des demandeurs d’asile.
MYTHE 2 : Ils veulent juste une vie meilleure
Grâce aux guerres, à l’instabilité politique et à des fous furieux comme le soi-disant Etat Islamique, nous sommes face à la plus grave crise de réfugiés depuis la Seconde guerre mondiale. Selon l’ONU, plus de 70 % des migrants qui arrivent en Europe depuis un an proviennent de Syrie, d’Erythrée, d’Irak, du Darfour et de certaines régions du Nigéria – tous ont droit à une forme de protection.
MYTHE 3 : L’ordre social de l’Europe va s’effondrer
Le nombre des réfugiés est peut-être élevé, mais, en réalité, il constitue moins d’1 % de la population de l’Europe. Celle-ci est plutôt prospère et elle peut gérer un tel flux, malgré son importance. Malgré les évidents problèmes logistiques et sociaux potentiels, la moindre des choses que les dirigeants européens peuvent faire, c’est de faire passer la solidarité avant le populisme.
MYTHE 4 : Eriger des barrières va stopper les migrants
Rien de plus faux. Construire des murs et des barrières va uniquement pousser les migrants à choisir des itinéraires plus risqués. Un exemple : une clôture barbelée de cinq mètres de haut protège à présent l’entrée du port des ferries de Calais, en France. Depuis, les migrants se dirigent vers le tunnel. La solution à moyen et long terme consisterait à donner aux migrants un accès sûr au droit d’asile dans les pays de transit – à condition qu’ils soient éligibles à une forme de protection.
MYTHE 5 : Les migrants vont rester coincés dans le pays d’accueil.
Faux. Plus de 80 % des 59 millions de réfugiés dans le monde reste dans sa région d’origine. Pourquoi ? Parce que la majorité espère souvent de rentrer rapidement chez elle. Plusieurs études montrent que la grande majorité fera retour à sa base pour reprendre sa vie, retrouver sa famille et se remettre…une fois que les armes se sont tues et qu’il y a un semblant d’espoir.
MYTHE 6 : L’Europe a une politique de la porte ouverte
Les pays de l’UE sont membres de la Convention de l’ONU sur les réfugiés ; ils doivent donc accueillir les personnes victimes de persécutions politiques. La Convention s’applique également aux personnes sérieusement persécutées dans leur pays d’origine en raison de leurs convictions politiques, au point que leur dignité humaine est violée. L’UE a tous les droits d’expulser les migrants irréguliers. La plupart de ceux qui sont arrivés à Malte ces dix dernières années ont droit à une forme de protection.
MYTHE 7 : Il y a des personnes dangereuses parmi les migrants
Oui…tout comme on peut tomber sur des gens dangereux originaires de Londres, de Berlin ou de Paceville [quartier de La Vallette]. Bien sûr, il y a des brebis galeuses, bien sûr, il faut contrôler les arrivants, mais les statistiques prouvent que la grande majorité des réfugiés cherchent à se nourrir et un travail.
MYTHE 8 : Les secourir provoque un appel d’air.
Faux. Lorsque l’Italie a mis fin à sa mission de secours Mare Nostrum, les drames les plus graves se sont produits dans nos eaux. Le poète anglo-somalien Warsan Shire a écrit à propos des réfugiés que “personne ne met ses enfants sur un bateau si l’eau n’est pas plus sûre que la terre-ferme
MYTHE 9 : Nous devrions pouvoir choisir
Plusieurs pays d’Europe centrale ont exprimé un discours anti-musulman ces dernières semaines, en affirmant qu’ils n’accepteraient que des Chrétiens. Il suffit d’allumer son poste de télé ou de passer un peu de temps sur les sites d’actualité pour voir que les persécutions et l’extrême pauvreté ne concernent pas que les chrétiens. Les lois européennes interdisent par ailleurs les discriminations basées sur la religion.
MYTHE 10 : Ce sont des profiteurs et ils nous prennent nos emplois
Les migrants qui sont arrivés dans le Royaume-Uni depuis 2000 ont 43 % de chances en moins de demander des allocations ou des exceptions d’impôt par rapport aux Britanniques de souche. A moins que quelque chose m’ait échappé, la plupart des Africains vivant parmi nous font des tâches que les Maltais refusent d’accomplir. Et je ne parle pas de leurs conditions de vie…

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Cet article est publié en partenariat avec #OpenEurope

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