D’Utøya à Charlie Hebdo et Copenhague, un même défi

Publié le 18 février 2015 à 11:20

L’attaque terroriste de Copenhague a répondu au même schéma que les attentats de Paris en janvier. Or, on peut dresser un parallèle entre ces tragédies et un autre évènement qui en apparence relève d’une autre logique.
En effet, les assassins de Charlie Hebdo et le meurtrier Anders Behring Breivik se ressemblent par “leur froideur, leur brutalité et […] le choix de leur victimes”, écrit l’écrivaine et journaliste norvégienne Asne Seierstad dans les colonnes de Libération. Mais la caractéristique commune principale des frères Kouachi et de Brevik, qui a tué 69 jeunes sociaux-démocrates avec une arme semi-automatique sur l’île norvégienne d’Utøya en 2011, c’est la stratégie –

les extrémistes et les terroristes, chacun dans leur coin d’Europe, se rejoignent dans le souhait de transformer la société par la violence contre les civils. Et dans la propagation de la peur par cette violence.

Seierstad met en garde contre les différentes manières de se distancier de chaque assaillant. Lorsqu’on a appris que les attaques d’Utoya n’étaient pas l’œuvre d’islamistes mais d’un Norvégien, l’explication est passé de “de la politique à la psychologie, pour pouvoir nous déclarer en bonne santé”. Alors que ce genre de rationalisations ne sont pas apparues après les attentats de Paris –

Certains groupes souhaitent que la culpabilité soit collective. Faire des musulmans les responsables. Au pire, les lignes d’opposition vont se durcir, les musulmans d’Europe seront davantage aliénés, et le fossé entre nous et eux va se creuser encore plus. Ce, en dépit du fait que les terroristes représentent une vision de l’islam qui révolte la grande majorité des musulmans. En tant que Blanc, soi-disant chrétien, la culpabilité de Breivik a été individualisée. Bien qu’il appartienne, lui aussi, à un courant qui est répandu dans toute l’Europe.

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Au contraire, il faut souligner que les terroristes avaient un point en commun au niveau psychologique : “leur sentiment d’aliénation par rapport à leur propre société. Le sentiment de ne pas appartenir à la communauté. Des parents absents, un lien social affaibli”. En réaction, “Nous devons nous demander ce qu’il y a dans nos sociétés qui puisse contribuer à créer le terrorisme”. -

Evidemment, nous ne pouvons pas expliquer la terreur par des enfances malheureuses. Néanmoins, les études montrent que les criminels violents ont pratiquement tous eu une enfance difficile. Ce n’est pas banaliser. C’est déterminer quelle société nous allons créer ensemble.

Le choix des victimes “qui participent au débat politique” et qui croient “qu’il faut convaincre son adversaire, pas le forcer à être d’accord”. Selon Seierstad, le défi lancé par ce genre d’attaques est de privilégier plus de démocratie et d’humanité au détriment des divisions sociales, mais sans naïveté sur les conséquences possibles.

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