Après les élections au Royaume-Uni

Le “Brexit” mettrait l’Europe en danger

Publié le 16 mai 2015 à 15:57

Après les crises en Méditerranée et en Ukraine, “un autre problème existentiel flagrant” est apparu en Europe occidentale, écritNatalie Nougayrède dans The Guardian. Le succès du Parti conservateur aux élections législatives du 7 mai au Royaume-Uni pose en effet à l’Union européenne de sérieuses questions.

Le Premier ministre britannique David Cameron, réélu avec une faible majorité, est largement responsable de la pérennité ou pas de l’unité du Royaume-Uni et de son maintien au sein de l’UE, estime Nougayrède. Cameron a promis une renégociation des conditions de l’adhésion de son pays, mais il risque fort de décevoir les attentes des eurosceptiques lors de la préparation d’un référendum national sur la question :

Personne – à Berlin, à Paris et partout ailleurs – n’a envie de s’engager dans un douloureux processus de modification des traités européens qui serait perçu comme un jeu extrêmement risqué pour toute l’Union européenne.

Le succès électoral de Cameron est la preuve qu’il a navigué dans les eaux tempétueuses de la crise économique mieux que quasiment tous les autres dirigeants européens. Il fait à présent partie, avec Angela Merkel, d’une “poignée de survivants politiques” au sein de l’UE, une position qui devrait lui conférer un important capital politique. Et malgré cela, Cameron a cédé aux sirènes du populisme, voulant limiter la libre circulation des personnes, “un des piliers de l’UE”, et minant ainsi sa crédibilité sur la scène européenne.

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Les décideurs européens ne sont pas certains de la manière dont vont se dérouler les événements. On ne sait par exemple toujours pas comment le UKIP, un parti violemment europhobe, va peser sur les positions de Cameron. Et les eurosceptiques au sein de son propre parti sont tout aussi imprévisibles. A cela s’ajoute la pression venant des alliés du Royaume-Uni qui

sont désorientés quant à la capacité du pays à redécouvrir les avantages qu’il y a à faire partie d’un ample projet européen, et à réclamer un rôle au sein de ce club.

Nougayrède met en garde contre l'attidude exaltée dont on a fait preuve au Royaume-Uni : “l’enjeu est de taille et il y a beaucoup à perdre” si le Royaume-Uni devait quitter l’Union. Le risque d’une sécession de l’Ecosse est également très concret. Et une UE sans le Royaume-Uni perdrait un partenaire économique et politique crucial :

si l’Europe perd le Royaume-Uni, elle court le risque de s’autodétruire. Et si le Royaume-Uni sort de l’UE, il devra naviguer dans des eaux inconnues, et risquer de devenir un acteur mineur, voire insignifiant dans un monde globalisé.

La classe politique britannique, et Cameron en particulier, doivent faire en sorte que le débat autour de l’adhésion à l’UE ait lieu dans un cadre constructif et informé, sans l’alarmisme et le chauvinisme qui a fini par dominer la politique britannique.
L’enjeu, conclut Nougayrède, ne pourrait être plus grand.

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