Revue de presse Référendum en Grèce

Le prix Nobel Joseph Stiglitz appelle à voter “non” au plan d’aide

Publié le 2 juillet 2015 à 21:16

Le référendum de ce week-end donne aux électeurs grecs le choix entre deux avenirs radicalement différents, écrit Joseph Stiglitz dans Project Syndicate. Le “oui” aux termes de la troïka signifiera “une dépression quasiment sans fin” pour le pays, alors que le “non” laissera ouverte la possibilité d’un “résultat laissant bien plus d’espoir”, même si la Grèce ne retrouvera jamais sa prospérité passée.

Stiglitz remarque que, pour ce qui est de la réduction du déficit primaire, “peu de pays ont réalisé ne serait-ce qu’une partie de ce que les Grecs ont accompli ces cinq dernières années”. Mais cela a eu un coût humain inacceptable : les mesures d’austérité ont jusqu’à présent provoqué une baisse du PIB de 25% et un chômage des jeunes de 60%. Le fait que la troïka demande de nouvelles coupes tend à prouver que les motivations idéologiques ont pris le dessus sur les considérations financières.

Les exigences de la troïka vis-à-vis de la Grèce, affirme Stiglitz, se basent sur des chiffres “catastrophiques”. Elle exige un budget primaire en excédent () de 3,5% du PIB d’ici 2018. “Des économistes du monde entier ont estimé que cet objectif était punitif”, écrit-il, “car y parvenir provoquerait inévitablement une récession encore plus profonde”. La position actuelle de la troïka a plus à voir avec l’idéologie qu’avec l’argent : la Grèce ne doit pas accepter uniquement l’austérité, mais également la punition.

Le prix Nobel de l’économie attire l’attention sur les vrais bénéficiaires de la série de plans d’aides destinés à la Grèce :

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Que ce soit clair : des énormes sommes d’argent prêtées à la Grèce, quasiment rien n’est allé à cette dernière. Elles ont servi à payer les créanciers privés – y compris les banques allemandes et françaises. La Grèce a reçu son obole, mais elle a payé le prix
fort pour mettre à l’abri les systèmes bancaires de ces pays. Le FMI et les autres créanciers “officiels” n’ont pas besoin de l’argent qui est exigé. Dans un scénario habituel, l’argent reçu serait très probablement prêté à nouveau à la Grèce.

Mais Stiglitz réserve ses critiques les plus acérées à la zone euro. Il estime que ses représentants sont en train de forcer un gouvernement démocratiquement élu à aller contre la volonté de ses électeurs. La zone euro, que Stiglitz qualifie d’”antithèse de la démocratie”, pense pouvoir faire chuter Syriza, le parti d’Alexis Tsipras, “en le forçant à accepter un accord qui va à l’encontre de son mandat”. Vu la sévérité des conditions du plan d’aides, il n’y a, estime l’économiste, qu’une seule option : les Grecs doivent faire passer la démocratie en premier, en rejetant les conditions de la troïka. Alors que le résultat est loin d’être certain, une victoire du “non” permettrait à la Grèce, “avec sa forte tradition démocratique, de reprendre son destin en main”.

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