Après les attentats de Paris

“Les terroristes viennent de remporter une bataille contre nous”

Au lendemain des attentats terroristes menés par au moins huit personnes liées à l’organisation Etat islamique et qui ont fait plus de 128 morts à Paris et aux abords du Stade de France, la presse française réagit à l’émotion provoquée en France et dans le monde et s’interroge sur la fragilité des dispositifs de prévention mis en place.

Publié le 14 novembre 2015 à 11:53

Après les attentats de janvier et l’intervention militaire en Syrie, les autorités françaises étaient sur le qui-vive et avaient renforcé la surveillance des personnes suspectes, mais elles n’ont pas pu éviter qu’un groupe de jihadistes commette le plus sanglant attentat en Europe depuis 2004.

La barbarie terroriste a franchi une étape historique”, écrit Laurent Joffrin. Pour le directeur de Libération,

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c’est bien la France, sa politique, son rôle international, qui sont visés par les tueurs, non pas dans des attentats ciblés comme celui de Charlie Hebdo ou de l’Hyper Cacher, mais au moyen d’une cruauté indistincte, déchaînée pour inspirer la terreur à tout un peuple. La société française doit s’armer de courage pour ne rien céder aux tueurs, pour exercer sa vigilance et sa volonté indéfectible de faire face à l’horreur en s’appuyant sur ses principes de droit et de solidarité. La République, son Etat mobilisé et ses forces de l’ordre, affronteront l’épreuve sans trembler, avec toute l’efficacité qui sont les leurs. Il est impossible de ne pas relier ces événements sanglants aux combats qui sont en cours au Proche-Orient. La France y joue son rôle. Elle doit continuer son action sans ciller. Seule l’unité du pays, solide et volontaire, appuyée sur ses valeurs, permettra au pays de relever son plus grand défi.

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Les auteurs des attaques inspirent “¨la colère et le dégoût* à l’éditorialiste Jean-Marie Montali dans Le Parisien. Pour lui,

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Ces barbares de Dieu, soldats de pacotille dont l'héroïsme consiste à tuer des innocents, massacrent à l'aveugle, parce qu'ils veulent mettre la France en état de choc. La sidérer. La paralyser. La diviser. Mais au nom des vrais martyrs d'hier, les victimes innocentes, et au nom de la République, la France saura rester unie et faire front.

Pour Le Figaro celui qui s’est déroulé vendredi soir a été “Le scénario noir tant redouté par les forces de l'ordre et les services de renseignement”. Le quotidien cite plusieurs experts qui avaient dénoncés comme “extrêment probable” une série d’attaques comme celles de Paris, lancées par

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une équipe plus ou moins grosse de gars qui viennent de théâtres d'opérations où ils se sont aguerris, peut-être la Syrie, peut-être la Libye, le Yémen, qui trouvent les armes sur place (en France) et passent à l'action.

C’est une première en France en matière d’attentat”, note Le Monde :

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Ces attaques, dites “complexes”, au regard de modus operandi en plusieurs étapes, sont inspirées d’une forme de violence ayant cours depuis plusieurs années dans des zones de conflit telles que l’Afghanistan, l’Irak ou la ­Syrie, où règne une forme de ­violence dont la France se croyait jusqu’alors protégée.

Dans L’Opinion, Jean-Dominique Merchet expique que “la France est entrée dans une nouvelle phase de la guerre terroriste”. Les attaques de vendredi constituent

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une rupture dans les modes d’action terroristes visant la France. Et cela, sur quatre plans différents : les objectifs, la simultanéité, l’ampleur et la méthode, suicidaire. […] en franchissant une nouvelle étape dans la guerre, les terroristes viennent de remporter une bataille contre nous. Le terrorisme est, fondamentalement, une arme de communication massive : la résonance des actes commis vendredi est immense. C’est l’effet recherché par leurs auteurs et il est obtenu, puisque nous sommes légitimement pris au piège de nos émotions. La terreur s’avère efficace. […] Les attaques de Paris se déroulent à deux semaines de la COP21, qui verra converger vers Paris des dizaines de chefs d’Etat ou de gouvernement. Le défi sécuritaire, déjà élevé, devient considérable. Autre dossier, celui de la Syrie, avec la réunion ce samedi à Vienne, des principaux pays impliqués dans la résolution de cette crise. La France pourra-t-elle longtemps conserver sa ligne : ni Bachar, ni Daech alors que le terrorisme l’a frappé si durement ?

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