Cracovie ? Mais on fait largement mieux, soutient Barbara Tekieli, directrice de l'Office du tourisme de Varsovie. Pour preuve : les dernières données de l'Institut [national] du tourisme qui montrent qu’en 2009, Varsovie a accueilli 2,2 millions de touristes étrangers qui y ont déboursé quelque 800 millions d'euros. Selon le même rapport, seuls 900 000 étrangers ont visité Cracovie l'an passé, dépensant 330 millions d'euros.
A Cracovie, toutefois, personne ne prend ces données au sérieux. Le nombre de touristes étrangers en 2009 n'était pas de 900 000 mais de 1,95 million. Les informations de Varsovie sont tout simplement fausses, assure Paweł Mierniczak, directeur de l'Office du tourisme de la région Petite-Pologne, qui explique les écarts dans les statistiques par les méthodes employées.
Varsovie mise sur l'architecture
Pourtant il ne fait aucun doute que la dynamique est du côté de Varsovie. La métropole accroît rapidement son offre touristique. Pas moins de huit musées de niveau européen y ont récemment ouvert leurs portes, ou vont prochainement le faire. Elle offre également un terrain de création aux meilleurs architectes du monde, tels que le concepteur de la Freedom Tower à Ground Zero, l’Américain Daniel Libeskind, dont l'immeuble d'habitation Zlota 44 est en construction juste à côté de la gare centrale, ou l’Allemand Helmut Jahn, connu pour son aménagement de Potsdamer Platz à Berlin. D’ores et déjà, à part Paris, Londres et Francfort, aucune autre ville de l'Union européenne, ne compte autant de gratte-ciel que Varsovie.
La carte des musées
La capitale est aussi devenue une destination prisée des résidents des anciennes républiques soviétiques. Les centres commerciaux Galerie Arcadia, ou Zlote tarasy figurent parmi les plus importants en Europe. Le musée de l'Insurrection de Varsovie, ouvert il y a cinq ans, fait un tabac. Avec les 600 000 visiteurs attendus cette année, il est devenu la principale attraction de la ville, juste après le zoo. "A l'étranger, tout le monde a entendu parler du ghetto de Varsovie mais quasiment personne ne connaît l'histoire de l'Insurrection de Varsovie [le plus important soulèvement de la résistance contre l'occupant allemand, en août 1944 ]. Il faudra du temps pour changer cela. Mais on connaît déjà un certain succès", assure Anna Kotonowicz, porte-parole du musée.
La figure de Chopin s’avère également une valeur sûre. Un nouveau musée ultramoderne consacré au compositeur a ouvert en avril dans le Palais Ostrogski. Depuis, le nombre de Japonais visitant Varsovie a augmenté d'un tiers. Quant au Musée de l'histoire des Juifs polonais, qui ouvrira d'ici un an et demi, il s'attend à une clientèle bien précise: des jeunes israéliens, qui viennent en Pologne sur les traces de l’Holocauste. Jusqu'à présent, ils ne restaient ici que quelques heures. Demain ils y passeront probablement la journée et la nuit.
L'atout de Cracovie : ses environs
Cracovie ne baisse pas les bras pour autant. Un musée ultramoderne retraçant la vie de la ville au Moyen Age vient d’être inauguré sous la place centrale de la métropole. Depuis un mois, les Halles aux draps (Sukiennice) entièrement rénovées, tournent à nouveau. Et l'usine d'Oskar Schindler, en profitant de la publicité qui lui a apportée le film de Spielberg, a été transformée en musée de l'Occupation.
Contrairement à Varsovie, les environs de Cracovie ne manquent pas de lieux à visiter. Il ne s'agit pas seulement d'Auschwitz(le site polonais le plus visité par les touristes étrangers), de Wieliczka (la mine de sel), ou de Jasna Gora (le sanctuaire marial), mais aussi des montagnes des Carpates (Tatras et Pieniny), ainsi que les gorges de la Dunajec.
Malgré ces atouts, plusieurs indices montrent que Cracovie a épuisé son potentiel et doit trouver une nouvelle formule pour attirer davantage de visiteurs étrangers. Celle qui avait pour l'ambition de devenir la deuxième Prague, attire toujours moitié moins de touristes étrangers que la perle de la Vltava.
Un nouvel ailleurs
Dans deux ans, à l’occasion de l'Euro 2012 de football auquel Cracovie ne participe pas, la capitale aura une occasion unique de conquérir de nouveaux visiteurs. Quelque 100 000 supporteurs y sont attendus. Le statut de capitale culturelle européenne en 2016, pourrait être une autre excellente l'occasion pour la promotion de Varsovie qui figure parmi les cinq villes polonaises qui se battent pour ce titre. Une fois de plus, Cracovie est absente.
Ce qui joue avant tout en faveur de Varsovie, c'est l'évolution du tourisme mondial. Une fois que l’on a vu Paris, Londres et Rome, et quand on connaît Prague ou Vienne comme sa poche, il faut bien chercher un nouvel ailleurs. Varsovie devient alors une option intéressante.