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Qui se soucie encore des migrants ? C’est la question que pose la journaliste Annalisa Camilli dans le magazine italien Internazionale. Tourmentée par les naufrages d’embarcations d’exilés et par l’apparente indifférence des Européens face aux décès tragiques dont la Méditerranée est désormais le théâtre régulier – plus de 2 500 en 2023, selon certaines estimations –, Camilli tente de dénouer les mécaniques de pensée qui peuvent mener à une telle apathie. “Comment en sommes-nous arrivés là”, lance-t-elle. “Comment le naufrage de Pylos, peut-être le plus tragique de l’histoire récente en Méditerranée, n’a-t-il même pas fait la une des journaux ? Comment pouvons-nous accepter cette attention vacillante ?”
Jeu politique
Camilli pointe du doigt, entre autres potentiels coupables de ce désintérêt, l’instrumentalisation dont la migration fait l’objet par nos élus depuis des années. Dans El Confidencial, Nacho Alarcón dresse un récapitulatif édifiant d’un cas d’école, survenu lors de la réunion informelle des dirigeants de l’UE, organisée à Grenade le 6 octobre. La rencontre, en effet, devait être l’occasion de discuter prioritairement d’autonomie stratégique et d’élargissement de l’UE, mais a été détournée par la Hongrie et la Pologne, qui y ont imposé leurs griefs contre la politique migratoire de l’UE. Une occasion en or, note Alarcón, pour le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki (Droit et Justice, PiS, ultraconservateur) de préparer le terrain en vue des élections législatives du 15 octobre.
En parallèle des élections devait également se tenir un référendum à l’initiative du gouvernement et portant sur quatre questions, dont une sur “l’accueil de milliers de migrants illégaux venus du Moyen-Orient et d’Afrique [...] imposé par la bureaucratie européenne”. Un scrutin largement critiqué par les spécialistes pour son caractère trompeur et catastrophiste, comme le rapporte Alicja Gardulska pour le quotidien polonais Gazeta Wyborcza. 15 octobre, funeste date pour le PiS, qui aura remporté les élections tout en perdant la majorité, et vu le même jour les résultats de son référendum rendus non contraignants faute d’avoir atteint le quorum nécessaire. Le récit ne fait pas tout.
Victoire dans les consciences
Malgré quelques revers, les tenants de la ligne dure en Europe semblent pour l’heure avoir le champ libre. Sur le terrain, mais aussi dans les consciences : selon un rapport Eurobaromètre mené en juin dernier, 24 % des Européens interrogés estiment que l’immigration est “une des deux problématiques les plus importantes auxquelles est confrontée l’UE”. Pourtant, comme le rappellent Olivier Lenoir, Elena Maximin et Marin Saillofest dans une analyse exhaustive pour Le Grand Continent, “dans l’Union, en moyenne, seuls 19 % de la population estiment correctement la proportion d’immigrés non-européens dans leur pays”. Et d'enfoncer le clou : “Aucun Etat n’affiche un taux de réussite [lorsqu’il s’agit d’estimer la proportion d’immigrés non-européens] supérieur à 50 %. Un tiers des Européens n’a jamais d’interaction avec un migrant (ou moins d’une fois par an).”
Une autre étude, conduite cette fois par le centre de recherche Midem de l’université de Dresde dans une dizaine de pays, révèle que la migration représente l’une des deux questions les plus polarisantes pour les Européens interrogés, à égalité avec le changement climatique.
À mesure que l’impératif de respect des droits fondamentaux disparaît des débats autour de la migration, ces derniers finissent par devenir autant de champs de bataille politiques dont les conséquences sur les publics – globalement mal informés – et surtout sur les exilés eux-mêmes passent au second plan.
La réponse européenne semble être pour l’heure de serrer la vis, quitte à brader ses valeurs, pactiser avec des dictateurs ou laisser les gens à leur destin en pleine mer, comme l’analyse Claudio Francavilla de Human Rights Watch pour Politico Europe. Quitte à jouer avec le feu. “Sacrifier les droits des migrants et des réfugiés pour des gains politiques à court terme n'est pas seulement un choix immoral, mais aussi un élément d’une réaction en chaîne qui risque d'avoir un impact désastreux sur l'Union et ses valeurs fondatrices”, avertit-il. “La prochaine victime de l'obsession migratoire du bloc pourrait bien être l'UE elle-même”.
Sur la migration et l’asile
“Le viol, passage presque inévitable de la migration” : à Marseille, huit femmes témoignent
Lorraine de Foucher | Le Monde | 18 septembre | FR (paywall)
Une étude parue dans The Lancet et menée auprès de 273 demandeuses d’asile révèle que 26 % d’entre elles se déclarent victimes de violences sexuelles au cours de leurs douze derniers mois sur le territoire français, tandis que 75 % déclarent avoir subi des violences avant leur entrée en France. Le Monde a recueilli huit déchirants récits de demandeuses d’asile, chacun témoignant des dangers auxquels sont exposées ces femmes au quotidien.
Des dizaines de milliers de réfugiés et des centaines de morts : Comment s’achève la République du Haut-Karabagh
iStories | 26 septembre | RU
“À la frontière du Haut-Karabakh et de l'Arménie, à l'extrémité du corridor de Latchine, une catastrophe humanitaire est en cours”, lance le média d’investigation russe indépendant iStories. Ce reportage, réalisé dans la “buffer zone” où médecins et volontaires s’efforcent de venir en aide aux réfugiés en provenance de la république non-reconnue, fait un récit édifiant du chaos qu’a entraîné l’offensive de l’Azerbaïdjan du 19 septembre.
À la recherche d’un nouveau foyer : Zorak
Ani Gevorgyan | EVN Report | 9 octobre | EN
Pour le média arménien EVN Report, Ani Gevorgyan dresse elle aussi le portrait de réfugiés en provenance du Haut-Karabakh venus trouver refuge dans le village de Zorak. Dans son reportage, Gevorgyan raconte, photos à l’appui, le quotidien bouleversé des villageois, ainsi que la solidarité dont ces derniers font preuve – parfois à l’égard de familles dont ils ne savent rien.
Les Polonais ont été chaleureusement accueillis en France. Puis, quand le travail a manqué, ils sont devenus “sales”
Kaja Puto | Krytyka Polityczna | 14 octobre | PL
Dans cet entretien avec la journaliste Aleksandra Suława pour le média polonais Krytyka Polityczna, Kaja Puto retrace l’histoire des immigrants polonais venus en France au siècle dernier, notamment pour travailler dans les mines de charbon. De l’accueil des migrants initialement bienvenus au rejet des derniers aux heures de la Grande Dépression, cet épisode historique aux accents intemporels semble étonnamment d’actualité.
Irréguliers, et pourtant surqualifiés : le préjugé européen exclut les migrants
Oiza Q. Obasuyi | Open Migration | 17 août | EN
Selon une étude publiée par la Vrije Universiteit in Brussels (VUB), les migrants sont victimes d’un préjugé européen voulant que ceux-ci sont moins qualifiés que les travailleurs du continent. Leurs diplômes et leur expérience professionnelle passée n’étant pas toujours reconnus à leur juste valeur, ceux-ci se retrouvent souvent à exercer des emplois pour lesquels ils sont surqualifiés, résume Oiza Q. Obasuyi pour Open Migration.
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A conversation with investigative reporters Stefano Valentino and Giorgio Michalopoulos, who have dissected the dark underbelly of green finance for Voxeurop and won several awards for their work.
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