Revue de presse Lumière sur le Sud-Est

En Europe du Sud-Est, des Jeux olympiques entre la couronne d’olivier et la boîte de Pandore

Orthodoxes indignés, attaques homophobes turques et embrassade présidentielle : les Jeux olympiques 2024 ont eu un réel impact politique et culturel en Europe du Sud-Est.

Publié le 18 septembre 2024

Malgré l’enthousiasme initial mitigé des Français et la faible demande de tickets – dont les prix variaient entre 24 et 950 euros – le retentissement des Jeux olympiques a été indéniable en Europe du Sud-Est, souligne Karina Dyakova dans le journal bulgare Kapital. Paris 2024 y a représenté à la fois un rameau d’olivier et une boîte de Pandore, portant un sentiment d’unité et d’émerveillement tout en mettant en lumière les conflits politiques et idéologiques de la région. 

Le bon côté des choses

Dans un article pour le magazine culturel roumain Dilema Veche, le commentateur sportif Radu Naum partage son enthousiasme. Pour lui, “ces Jeux ont cassé la baraque” grâce à leur diversité, leur originalité, jusqu’aux choix des lieux et aux sourires des jeunes athlètes qui passaient au monde un message : “La vie est belle”. Dans Kapital, Dimitar Kamburov qualifie la cérémonie d’ouverture d’“oeuvre d’art”, alors que le même journal voit en Thomas Jolly, le directeur artistique de la cérémonie d’ouverture, un “bâtisseur du capitalisme”.

Les Jeux olympiques ont également donné aux citoyennes et aux citoyens de l'Europe du Sud-Est de nombreuses raisons de se réjouir. Selon le classement officiel des Jeux, cinq pays de la région se classent parmi les 30 pays ayant gagné le plus de médailles : la Roumanie en a récolté neuf (et termine en 23e position); la Turquie et la Grèce en ont décroché huit chacune (26e position) ; et la Croatie et la Bulgarie sept (30e position).

Indignation orthodoxe 

Certains membres des Eglises orthodoxes bulgare et roumaine se sont plaints des Jeux olympiques et de leur cérémonie d’ouverture. Pour le Saint-Synode de l’Eglise orthodoxe bulgare, les images artistiques présentées durant la cérémonie d’ouverture “[étaient] contraires à et incompatibles avec la morale chrétienne évangélique”, indique le portail d’information bulgare Mediapool.

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S’ajoute à cela la déclaration de Vasile Bănescu, ancien porte-parole de l’Eglise orthodoxe roumaine à propos du tableau accusé de parodier la Cène. “On voit le vrai visage hideux des dépravés possédés par une idéologie, qui ne savent être eux-mêmes qu’en se moquant, défiant et salissant tout ce qui est pur et sacré”, s’est-il étranglé dans un post Facebook cité par Ioana Ion dans le journal roumain Adevărul.

Une joueuse de volley-ball LGBTQIA+ victime d’une plainte

Alors qu’elle a participé à l’ascension de l’équipe de volley-ball féminine turque en demi-finale des Jeux olympiques, la joueuse LGBTQIA+ Ebrar Karakurt fait aujourd’hui l’objet d’une plainte émise par un sympathisant du Parti de la justice et du développement (AKP, parti islamo-conservateur), connu pour provoquer les opposants du régime de Recep Tayyip Erdoğan. Cette plainte a été émise suite à une question rhétorique posée par Karakurt à son équipe sur les réseaux sociaux. “Les gars, c’est qui cet abruti ?”, s’est-elle interrogée en réponse à un message du partisan, qui a “[félicité] notre équipe de volley pour sa belle victoire, à l'exception de la provocatrice du nom d’Ebrar Karakurt”, nous rapporte le quotidien turc Cumhuriyet.

En Serbie, un dilemme politique

En Serbie, ces Jeux ont également provoqué de nombreuses réactions politiques et personnelles. Dušan Mandić, médaille d'or et élu meilleur joueur de water polo des JO, a refusé de serrer la main d’Aleksandar Šapić, maire de Belgrade (Parti progressiste serbe, populiste) à la réception organisée pour les athlètes en raison d’un conflit personnel, dévoile Aleksandar Pavlovic dans les colonnes du Danas. A contrario, les athlètes serbes n’ont pas hésité à étreindre le président serbe Aleksandar Vučić (également du Parti progressiste) à cette même réception, ce qui a assurément permis à ce dernier de marquer quelques points politiques. “Je comprends bien le protocole, et qu’il est normal de recevoir des félicitations de son président dans d’autres pays, mais pas nécessairement une accolade chaleureuse. Il ne la méritait pas,” écrit Uglješa Bokić dans Danas. “J’adore le sport, mais je ne peux pas me réjouir de victoires sportives alors que mon pays et ses habitants se battent, et payent le prix fort de leur lutte en raison de la cupidité de ce régime”, explique-t-il. 


À lire aussi

Selon les médailles olympiques, les athlètes roumains auraient des facilités pour les sports aquatiques, la nage et l’aviron. Comment expliquer ce phénomène ? 

Radu Naum | Dilema Veche | 7 Août | RO

Dans la course à l’excellence sportive, il manque à la Roumanie une stratégie cohérente. Son succès olympique dépend essentiellement du talent exceptionnel de quelques athlètes, tels que David Popovici, signale Naum. Sans recours à une politique nationale soigneusement orchestrée, les résultats sportifs ne peuvent être qu’imprévisibles et dépendent de petits groupes qui parviennent à remporter la victoire. De nombreux potentiels talents sont perdus à cause du manque d’organisation et de la mauvaise attribution des moyens.

Les éoliennes menacent également l’ouest du Magne !

Tasos Sarantis | Efimerida ton Syntakton | 22 Août | EL

Le quotidien grec rend compte de la forte opposition au projet de Volton, une compagnie d’énergie grecque qui souhaite installer 37 éoliennes dans l’aire protégée des Monts du Taygète, à l’ouest de la région du Magne (Péloponnèse). La population locale craint que le projet ait des répercussions négatives sur le tourisme, l'économie locale et l’environnement, ainsi que sur la faune et la beauté naturelle de la région. 

Xhevdet Doda : lycée ambulant

Rina Asani | Kosovo 2.0 | 22 Août | EN

Rina Asani, étudiante en linguistique, relate la relocalisation du lycée emblématique Xhevdet Doda de Pristina, qui a été déplacé plusieurs fois depuis sa fondation en 1971. Le dernier déménagement en date, annoncé par la municipalité de Pristina, verra l’institution emménager dans un nouveau bâtiment à Kalabri (au sud-ouest de la ville). Cependant, cette décision rencontre une forte opposition de la part des professeurs, qui craignent que cette relocalisation impacte négativement la qualité et la réputation de l’enseignement. Des manifestations sont en cours et des pétitions ont été rédigées. 

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