Tous les Crétois sont des menteurs, disait Epiménide le Crétois. Dans l’épître de Saint-Paul à Tite, la parabole philosophique évoquant ce cercle infernal de la logique paraît plus rude encore : “Quelqu’un d’entre eux, leur propre prophète, a dit : les Crétois sont toujours menteurs, de méchantes bêtes, des ventres paresseux”. Ce que l’on appelle le Paradoxe d’Epiménide trouve désormais son application dans la politique. Car tout le monde pousse des hauts cris parce que les Grecs auraient menti. Parce qu’ils vivaient au-dessus de leurs moyens. Parce qu’ils ont contracté plus de dettes qu’ils n’ont jamais pu en rembourser, et qu’ils attendaient que le reste de l’Europe — ou plus précisément, une partie du reste de l’Europe — leur serve de trésorier. Tout comme les banques qui ont récupéré les titres grecs dans leurs portefeuilles en se disant qu’un Etat peut certes se retrouver en faillite, mais pas un membre de l’UE.
Une attitude encouragée par les politiques
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Allemagne
Merkel sous contrôle juridique
La décision politique ne fait plus de doute : la Grèce sera sauvée par ses partenaires européens. "Mais le véritable obstacle pourrait se trouver ailleurs", constate la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Car on sait déjà que quatre intellectuels adversaires de l’euro vont saisir la Cour constitutionnelle allemande, déjà célèbre pour son arrêt sur le traité de Lisbonne en juin 2009. "Berlin a depuis longtemps pris en compte" cette attaque, rappelle le quotidien. "Mais le débat public houleux a ignoré le rôle prépondérant des questions constitutionnelles dans la position allemande vis-à-vis de la Grèce." Comme aucun autre gouvernement auparavant, celui d’Angela Merkel tente d’élaborer une politique qui résiste à l’examen des juges de Karlsruhe. Sa stratégie pour défendre le sauvetage grec, contraire à l'article 125 du Traité sur le fonctionnement de l'UE, consiste à faire valoir qu'il n’y a pas d’autre moyen "d’écarter du peuple allemand tout dommage’ (article 56 de la Loi fondamentale), en l’occurrence l’instabilité de la monnaie unique et l’insolvabilité des banques et des assureurs allemands. "D'où la position du gouvernement qui parle du sauvetage comme d’un 'ultima ratio', remarque la FAZ, "et de l'implication du FMI", en tant que dernier recours. "Il s'avère, conclut le quotidien, que dans certains dossiers, Berlin ne peut agir à Bruxelles que sous contrôle juridique."