Berlusconi l’eurosceptique peut-il revenir ?

Publié le 26 juin 2012 à 11:55

On le croyait disparu de la scène politique, mais Silvio Berlusconi a récemment refait surface. L’ancien chef du gouvernement a rompu le silence avec lequel il affrontait ses derniers déboires judiciaires pour surfer sur la vague d’eurosceptiscisme incarnée par l’humoriste Beppe Grillo, en évoquant la sortie de l’Italie de la zone euro, voire de l’Allemagne si celle-ci n’accepte pas de renforcer le rôle de la Banque centrale européenne. Une attitude critiquée par La Repubblica qui considère qu’elle menace la stabilité du gouvernement technique de Mario Monti, soutenu par les trois principaux partis :

C’est justement au moment où le maximum de cohésion nationale s’imposerait que la ‘Grosse Koalition à l’italienne’ menace de se briser et de se laisser tenter par des élections anticipées. Mario Monti est pris dans cette tenaille, à la veille du sommet européen. Les chancelleries européennes le voient comme le médiateur dont dépend le succès de l’opération. Les directions des partis politiques italiens le considèrent comme le catalyseur auquel attribuer les responsabilités d’un éventuel échec. […]

Le Peuple de la liberté, son parti, est secoué par une improbable et inopportune résurrection du Cavaliere. L’Aube Dorée [parti de l’extrême droite grecque] berlusconienne promet deux choses : une guerre pathétique contre l’Allemagne et une bataille autarcique contre l’euro. Cette revanche populiste […] est une proposition politique désespérée. Ce gouvernement n’a pas d’alternative. Monti, avec toutes ses limites et ses erreurs, est ce que l’Italie d’aujoud’hui peut offrir de plus crédible. Mais il serait erroné de penser qu'il ne doive durer que pour cette raison.

Les soubresauts du Cavaliere suscitent l’inquiétude au-delà des frontières italiennes. Au Royaume-Uni par exemple, le Guardian s’inquiète d’un éventuel retour de Berlusconi. Dans son éditorial intitulé “S’il vous plaît, pas encore”, le quotidien de Londres considère que

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le milliardaire a des moyens illimités pour lancer une campagne. Dans ses interventions récentes où il explique les avantages d’un retour à la lire pour l’industrie italienne, Berlusconi se présente en potentiel vainqueur des élections. L’Italie est plus eurosceptique qu’il n’y paraît. Bien qu’elle reste pro-européenne en considérant Bruxelles comme un modèle de bonne gestion meilleur que Rome, la monnaie unique y est associée à l’inflation. Aujourd’hui, elle est devenue l’icône de la stagnation.

La popularité de Mario Monti, le technocrate uniquement chargé de réduire le déficit budgétaire, a décroché. L’Italie n’a pas de réserves pour stimuler sa croissance, comme l’a montré un décret tant attendu sur la croissance. Il a été approuvé par le gouvernement seulement après avoir été complètement vidé de sa substance par le Trésor. Et sans croissance, l’Italie sera incapable de financer une dette galopante. L’euro sent mauvais aujourd’hui et Berlusconi est loin d’être le seul homme politique à s’accrocher à l’idée que l’Italie retrouverait le chemin de la croissance avec le retour de la lire. Mais il pourrait se positionner pour en être le principal bénéficiaire.

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