"La Banque centrale européenne prête à augmenter les taux d’intérêt en Europe", titre en Une Les Echos le jour où la BCE devait augmenter son taux directeur d’un quart de point, le portant à 1,25%. "Pour la première fois depuis près de trois ans, le prix de l’argent va remonter dans la zone euro. Il s'agit d'un changement d'époque. Après deux années de taux exceptionnellement bas, les Sages de Francfort indiquent aux acteurs économiques que l'heure du retour à la normale a sonné.", écrit François Vidal, rédacteur en chef du quotidien économique.
Toute la question est de savoir s'il faut se réjouir de ce retour à l'orthodoxie monétaire, poursuit l’éditorialiste :
"Les deux hypothèses économiques qui fondent l'action de la BCE sont loin d'être indiscutables. D'abord, le risque d'un retour de l'inflation, considérée comme le mal absolu à Francfort, n'est pas clairement établi. Si l'envolée des cours des matières premières alimente bien une hausse des prix dans les économies occidentales, nulle part elle n'a déclenché des effets de second tour, c'est-à-dire des revendications salariales. Allemagne incluse. Ensuite, et c'est sans doute aujourd'hui le point clef, il est loin d'être certain que la zone euro soit suffisamment robuste pour supporter le relèvement du prix de la ressource de base des banques, et l'appréciation de l'euro qui en découlera. Il existe donc un risque non négligeable que le cycle de hausse des taux qui s'engage ne bride la reprise là où elle se manifeste, tout en augmentant les difficultés des pays les plus fragiles de la zone, Grèce, Irlande et, depuis hier, Portugal en tête. A bien des égards, la décision de la BCE s'apparente donc à un pari."
Mais en attendant, une chose est sûre, conclut Les Echos,
"Si la BCE est allée bien au-delà de son mandat pour éviter le pire, cette parenthèse de générosité monétaire est refermée. Aux gouvernants de prendre le relais pour assurer la stabilité de la zone euro."