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Qui sont les Allemands qui votent pour l’extrême droite?

La montée de la droite radicale inquiète l'Allemagne et l'Europe. Malgré les scandales qui frappent ses dirigeants, l’Alternative pour l’Allemagne ne cesse de gagner en influence. Une croissance qui révèle la colère et la méfiance des électeurs envers le gouvernement et les médias traditionnels.

Publié le 5 juin 2024 à 10:00
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Une question en particulier préoccupera les citoyens allemands lorsqu’ils se rendront aux urnes dimanche 9 juin prochain pour voter aux élections européennes : Quel sera le score de l’extrême droite ?

Il ne sera pas seulement question de savoir combien de populistes et de conservateurs radicaux seront présents au prochain Parlement européen : les élections sont un important indicateur national – cela vaut pour l'Allemagne comme pour les autres Etats membres de l'UE.

Beaucoup se tournent avec inquiétude vers les pays européens voisins. Vers les coalitions de centre droit dans les pays nordiques autrefois si progressistes. Vers la Première ministre d'extrême droite Giorgia Meloni, qui appartient désormais au courant politique dominant en Italie. Vers les Pays-Bas, où le populiste de droite Geert Wilders a réussi à former une coalition de gouvernement avec des forces de droite. Et enfin, vers la France, où le Rassemblement national de Marine Le Pen et Jordan Bardella ne cesse de progresser.


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Influence croissante de la droite en Allemagne

En Allemagne aussi, les forces de la droite radicale gagnent de plus en plus en influence. Ceux qui pensaient autrefois que leur essor était un phénomène temporaire, une réaction à la crise des réfugiés en 2015 et 2016, se trompaient. La droite extrême de l'Alternative pour l'Allemagne (Alternative für Deutschland, AfD) s'est installée dans le paysage politique. Début 2024, elle a atteint de nouveaux sommets dans les sondages, avec 23 % des intentions de vote.

La popularité de l’AfD a souffert de plusieurs scandales survenus ces dernières semaines, alors qu’approchent rapidement les élections européennes du 9 juin. Les deux principaux candidats aux élections européennes sont actuellement soupçonnés de corruption.

Maximilian Krah, qui est arrivé premier et qui siège au Parlement européen depuis 2019, fait actuellement l'objet de deux enquêtes préliminaires concernant de possibles paiements en provenance de Russie et de Chine. Un ancien collaborateur de Krah au Parlement européen a été arrêté en avril. Il est soupçonné d'avoir espionné pour la Chine au sein de l’assemblée.

Le député Petr Bystron, deuxième sur la liste de l'AfD pour les élections européennes, est également soupçonné d'avoir reçu des paiements illégaux en provenance de Russie. Le Bundestag, le Parlement fédéral allemand, lui a déjà retiré son immunité pour cette raison. Il fait également l'objet d'une enquête. La direction de l'AfD a interdit à Krah de se présenter pendant la campagne électorale, et a demandé à Bystron de renoncer à ses prétentions également.

Mais l'AfD résiste aux scandales. Certes, elle a récemment perdu quelques points dans les sondages. Mais comme le révèlent d’autres enquêtes d’opinion pour les élections européennes, elle reste, avec 17 %, la deuxième force après l'Union chrétienne-démocrate (CDU, centre droit). Si l'AfD devait, comme on s'y attend, sortir renforcée non seulement des élections européennes, mais aussi des élections régionales qui auront lieu en septembre 2024 dans trois Länder d'Allemagne de l'Est, cela pourrait changer considérablement la politique et la société en Allemagne à long terme.

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