Selon le gouverneur de Brabant flamand, "aucune loi ne nous oblige à installer des panneaux"

Guerre des affiches entre flamands et francophones

Le 7 juin, les Belges doivent élire leurs députés européens, mais aussi leurs parlementaires régionaux. Cette double campagne est marquée par les tensions entre communautés, jusque sur les murs.

Publié le 22 mai 2009 à 07:34
Selon le gouverneur de Brabant flamand, "aucune loi ne nous oblige à installer des panneaux"

A quelques semaines des élections régionales et européennes en Belgique, une nouvelle polémique vient troubler les relations entre flamands et francophones. Plusieurs communes de la périphérie flamande de Bruxelles se sont récemment opposées à tout affichage électoral en français sur leur territoire, provoquant la colère dans les rangs francophones. A Hal, une ordonnance de la police – dont Le Soir publie un extrait – prévoit que seuls les partis flamands pourront coller leurs affiches sur les panneaux de la commune. Les autorités d'Affligem ont quant à elle annoncé qu’elles allaient recouvrir de feuilles blanches les affiches électorales en français. Et précise La Libre Belgique, "sept communes de BHV (Bruxelles-Hal-Vilvorde, le seul arrondissement électoral et judiciaire bilingue de Belgique) n’installeront pas de panneaux du tout pour éviter les messages en français".

Si Bruxelles est une ville à 90% francophone, sa périphérie est située en Flandre, où le néerlandais est la seule langue officielle. Environ 100 000 francophones habitent dans cette banlieue résidentielle. Leur présence couplée à des droits linguistiques particuliers, irrite les partis néerlandophones. Ceux-ci réclament notamment la scission de BHV. Quinze communes ont d'ailleurs décidé de boycotter le scrutin européen du 7 juin en signe de protestation à la persistance de cette non-scission.

"Les manœuvres d’obstruction flamandes en périphérie bruxelloise, qui visent à proscrire l’affichage des listes francophones ne sont pas de simples tracasseries", commente Le Soir qui rapporte l’indignation grandissante des partis francophones. "Le président de la Fédération bruxelloise du PS, Philippe Moureaux a condamné avec la plus grande vigueur (ces) manœuvres grotesques et par ailleurs totalement illégales". Pour ce dernier, cela relève d’un "processus d’épuration politique et linguistique". La Libre Belgique évoquant carrément un "apartheid préélectoral" et un "déni démocratique". "La tension monte", souligne Le Soir, qui annonce que "les juristes des partis francophones évaluent déjà toutes les possibilités de recours" à l’encontre des communes de Hal et d’Affligem.

La presse flamande, elle, reste assez discrète sur le sujet.De Standaard et De Morgen, les deux grands quotidiens de la région, se contentent principalement de relayer les faits. De Morgen donne néanmoins la parole à Lodewijk de Witte, le gouverneur de Brabant flamand, qui explique pourquoi il n’a pas obligé les sept villes de sa province à installer des panneaux électoraux, malgré une circulaire du ministre de l’Intérieur lui demandant de "prendre les mesures nécessaires pour que les élections locales et européennes du 7 juin se déroulent conformément à la loi". "Il est de ma responsabilité que les élections se déroulent conformément à la loi, mais aucune loi ne nous oblige à installer des panneaux". L'élu précise au passage qu'"une circulaire est une recommandation et non pas un outil légal". Dorénavant la bataille se jouera sur le terrain judiciaire.

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