Idées L’éditorial de VoxEurop

Quelle place pour l’écologie dans la campagne pour les européennes ?

Les politiques mettant l'accent sur l'écologie et le développement durable figurent parmi les préoccupations prioritaires des Européens. Or, les débats préalables aux élections européennes n'accordent pas à ces questions la place qu'elles méritent.

Publié le 21 mai 2019 à 11:25

Les jeunes - et moins jeunes - qui ont manifesté dans de nombreuses villes européennes pour alerter sur l'urgence climatique ne sont pas passés inaperçus. Ces jeunes ont le changement climatique pour tout horizon et font face à un avenir incertain en raison de l'indifférence ou de l'incapacité des gouvernements à prendre des mesures conjointes et claires en la matière.

En outre, au-delà des cris de protestation de ces milliers d'étudiants qui descendent régulièrement dans la rue, ce n'est pas parce que les Européens se désintéressent du sujet, bien au contraire : selon la dernière enquête réalisée par le centre YouGov pour le quotidien El País, le climat arrive au deuxième rang des préoccupations des citoyens européens. 29 % des Européens affirment en effet que le climat est le défi principal de l'UE, derrière la question de l'immigration (considérée comme le défi principal pour 35 % d'entre eux).

C'est ce qu'il ressort également de l'enquête réalisée par VoxEurop pour l'initiative "WeEuropeans", réalisée sur le site français Make.org. Dans le cadre de cette enquête, plusieurs questions soulevées par les citoyens européens (1,7 million au total) ont été présentées aux partis politiques. Parmi les dix propositions les plus plébiscitées, quatre ont trait à l'écologie ou au développement durable. Quant aux partis, ils apportent leur soutien, du moins en théorie, à la plupart de ces propositions, avec quelques différences naturellement inhérentes à l'orientation idéologique de chacun d'entre eux. Pourtant, ces sujets, qui devraient être le cheval de bataille européen, sont imperceptibles dans les débats de la campagne électorale.

Et cela se passe quelques jours seulement après la publication du rapport du WWF et de Global Footprint Network, qui révèle que l'UE est entrée en « déficit écologique » le 10 mai, c'est-à-dire le jour du lancement de la campagne électorale pour les élections européennes. Autrement dit, l'UE a consommé jusqu'au 10 mai dernier les ressources planétaires à sa disposition par rapport à sa capacité et à sa taille. Cela signifie que les Européens utilisent les ressources de 2,8 planètes Terre par an. WWF a demandé que le Parlement issu des prochaines élections adopte un Pacte européen de développement durable. Ce pacte devra s'appuyer sur différents critères, comme la lutte contre le changement climatique, les investissements dans l'économie durable, le renforcement de la position internationale de l'UE en la matière et l'amélioration de la gouvernance dans les institutions de l'UE afin d'assurer une transition durable.

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Le fait est que nous sommes bien trop habitués à ce que les élections européennes soient le théâtre de débats portant sur des enjeux nationaux, sans aucune portée véritablement européenne, et que le Parlement européen soit la retraite dorée d'hommes et de femmes politiques usés ou en fin de carrière sur le plan national. La campagne électorale actuelle ne déroge pas à la règle et cela touche particulièrement les questions relatives au climat, dont la dimension est globale par définition. L'Europe, une référence dans le monde pour ses politiques novatrices, doit faire preuve de plus d'ambition à cet égard. Les gaz polluants ne s'arrêtent pas aux frontières. La seule façon d'apporter une réponse ferme à la menace climatique est de mettre la question du climat à l'ordre du jour des politiques européennes, et ce de façon permanente. Parce que telle est la volonté des Européens.

La politique climatique doit faire face à plusieurs obstacles, alors que les États adoptent différentes approches et que des ambiguïtés importantes se font jour au moment d'affronter le problème. C'est ainsi qu'au nom du développement durable, certains pays préfèrent se passer de l'énergie nucléaire, quitte à recourir à d'autres sources également contaminantes comme le charbon, tandis que d'autres considèrent que le nucléaire permet de défendre leurs intérêts vitaux en matière de sécurité nationale, sans parler des implications géostratégiques de l'approvisionnement sûr des sources d'énergie. Il en va de même concernant la variété de réglementations nationales portant sur la promotion de l'un ou l'autre type d'énergie renouvelable, comme l'énergie solaire ou éolienne. Or, une stratégie globale européenne en la matière exige l'adoption de critères communs. À ce titre, ce sont les institutions européennes qui doivent prendre l'initiative.

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