Dans les années 1980, c'était l'Allemagne de l'Est et ses nageuses musculeuses. Aujourd'hui c'est l'Autriche et ses athlètes empêtrés dans des scandales à répétition. L'Autriche est la nouvelle plaque tournante du dopage en Europe, écrit Maurin Picard dans Le Soir. "Tout a commencé par un électrochoc", écrit le correspondant du quotidien belge à Vienne. : "Le 15 octobre 2008, Bernard Kohl, classé meilleur grimpeur du Tour de France [2008], est convaincu de dopage". Moins d'un an plus tard, le héros déchu du pays avoue dans le quotidien sportif français L'Equipe, se doper depuis l'âge de 19 ans. "C'est la consternation en Autriche. D'autant que l'affaire Kohl est l'arbre qui cache la forêt. Le grand nettoyage entamé par la toute nouvelle agence antidopage autrichienne (NADA), fondée en juillet 2008, va vite révéler l'ampleur du mal".
Toutes les disciplines sont touchées : le cyclisme, les sports d'hiver – "raison d'être d'une grande majorité d'Autrichiens" -, le football, l'athlétisme, le triathlon, etc. Parmi les affaires les plus retentissantes, Le Soir cite notamment le cas Walter Mayer. Entraîneur des équipes olympiques autrichiennes de ski de fond, il a été impliqué dans plusieurs affaires de dopage aux JO de Salt Lake City en 2002 et de Turin en 2006 et radié à vie par la fédération autrichienne de ski. Incarcéré en attente de jugement, il a été libéré en mai 2008. Mais Mayer n'est qu'un maillon d'une organisation plus complexe, souligne le quotidien.
En janvier 2008, une chaîne de télévision allemande dévoile le nom d'un laboratoire viennois Humanplasma "qui serait le centre névralgique du dopage en Autriche". Le laboratoire aurait notamment fourni des poches sanguines à plus d'une trentaine de sportifs de haut rang. La NADA qui s'est intéressée de près à Humanplasma a récemment identifié plus d'une douzaine de pharmacies impliquées et fait procéder à 30 interpellations – pharmaciens, soigneurs, entraîneurs. Elle souhaite désormais poursuivre ses recherches en collaboration avec une unité spéciale de la police judiciaire, la Commission spéciale sur le dopage (Soko). Longtemps, les athlètes autrichiens convaincus de dopage ou des médecins impliqués dans des affaires de dopage, ont échappé à toute poursuite pénale. "Accusé de laxisme par ses homologues européens, le gouvernement autrichien a fini par promulguer une loi anti-dopage", écrit Le Soir. Votée le 8 août 2008, elle n'a malheureusement pas d'effet rétroactif.
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