Revue de presse Lumière sur le Sud-Est

De la Serbie à la Turquie, la corruption à la fête

Au cours des dernières semaines de l'année, la presse a révélé les irrégularités entourant la victoire du Parti progressiste en Serbie, un réseau de corruption reliant l'église roumaine à des politiciens, et bien d'autres cas d'abus de pouvoir.

Publié le 10 janvier 2024 à 16:28

En Serbie, où le Parti progressiste serbe (SNS, droite) – auquel appartient l’actuel président de la République de Serbie Aleksandar Vučić – a remporté les élections législatives anticipées du 17 décembre 2023, le quotidien Danas a fait état de multiples tentatives de truquage le jour du scrutin, comme des bus transportant des électeurs venant de Bosnie-Herzégovine, des votes comptés dans un bar, et, comme l'a annoncé la coalition de partis Serbie contre la violence (SPN, gauche à centre droit), "des doubles listes, des listes de votes “sûrs” dans les bureaux, des vols de bulletins, des personnes décédées dans les listes électorales,des cas de bourrage des urnes, de vote groupé ..."

Dans la Roumanie voisine, un prêtre lanceur d’alerte a aidé le journaliste d'investigation Alex Nedea, du média roumain Recorder, à révéler un réseau de corruption et d'abus de pouvoir impliquant des dizaines de millions d'euros et reliant des institutions gouvernementales à l'Eglise orthodoxe roumaine : L'enquête, qui a attiré plus d'un million de vues rien que sur YouTube, est basée sur des discussions accablantes qu’ont eu des politiciens avec des prêtres de haut rang, filmées en caméra cachée par le lanceur d’alerte. Le 5 décembre 2023, à la suite de l'enquête, la Direction nationale anticorruption roumaine (DNA) a annoncé que l'archevêque de Tomis (diocèse de l’Eglise orthodoxe roumaine, ndlr.) faisait l'objet d'une enquête criminelle pour trafic d'influence.


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Dans un article d'opinion publié par le quotidien Times of Malta, Josie Muscat, l’ancien politicien et grand nom du milieu médical maltais, a accusé le gouvernement d'abandonner les citoyens et de transformer Malte "d'une merveille en un monstre" en autorisant un "développement [immobilier] excessif" et la création de nombreuses tours par appât du gain.

Un abus de pouvoir d’un autre genre s’est produit en Grèce, où la municipalité d'Alexandroupolis a refusé de projeter un film d'un réalisateur palestinien. Comme le rapporte le quotidien grec Efimerida ton Syntakton, le comité pour la paix d'Alexandroupolis a déclaré que "l'autorité municipale [se rangeait] sur la ligne du gouvernement, qui [voulait] imposer le silence à toute opinion et à toute organisation qui [osait] défendre la juste lutte du peuple palestinien et [s’opposait] à l'implication de la Grèce dans des projets et des guerres n’ayant rien à voir avec les intérêts réels de notre peuple, tout en mettant la vie de chacun d'entre nous en danger".

La corruption et la cupidité ne sont pas les seules façons qu’ont les gouvernements de nuire à la société ; ils peuvent aussi faire preuve d’incompétence. Par exemple, la journaliste Victoria Borodin, de la cellule d'investigation du média moldave Ziarul de Gardă, a découvert une entreprise privée au bord de la faillite exploitant des réserves de gaz sans avoir de licence ou d'accord avec l'Etat. En Moldavie, l'entreprise en question dessert environ 700 consommateurs.

Une autre preuve d'incompétence de haut niveau nous vient du quotidien turc Cumhuriyet, dont le journaliste Murat Agirel conclut que "même si vous escroquez des centaines de personnes pour un total de 900 millions de lires (à peu près 27,5 millions d’euros, ndlr.) et que c'est prouvé, vous ne resterez pas en prison."

Cette remarque fait suite à une enquête concernant la société de conseil financier  Castle Hawk, qui est accusée de fraude pour avoir récupéré des centaines de millions de lires turques auprès d’investisseurs sans parvenir à concrétiser les retours sur investissement promis. Murat Şahin, l'un des principaux responsables de la société, a été arrêté pour avoir escroqué des milliers de personnes en leur promettant des profits élevés. Cependant, après avoir été envoyé un temps à la prison de Muratlı (nord-ouest de la Turquie, ndlr.), celui-ci a été libéré.


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