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En Croatie, un scrutin européen éclipsé par les préoccupations nationales

En Croatie, les discussions sur la formation du gouvernement prennent presque entièrement le pas sur la campagne électorale en vue du scrutin européen de 2024. Les différentes listes de candidats passent presque inaperçues et le mot “indifférence” caractérise bien l’état d’esprit de l’électorat croate à l’approche du vote.

Publié le 30 mai 2024 à 13:26
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On compte parmi les principaux partis politiques croates l’Union démocratique croate (HDZ, droite, vainqueur au sein de sa coalition de 43,7 % des sièges aux législatives de 2020) ; le Parti social-démocrate (SDP, 27 % des sièges) ; le Mouvement patriotique de Miroslav Škoro (DPMŠ, droite populiste, 10,5 % des sièges) ; le Pont des listes indépendantes (Most, conservateur, 5,2 % des sièges) et Nous pouvons ! (Možemo!, gauche, 4,6 % des sièges). Malgré la promesse de retour à nos appels téléphoniques, seuls le SDP et Možemo! ont répondu à nos questions avant la publication de cet article.

Intéressons-nous d’abord à l’aile droite de la politique croate, composée du HDZ (membre du Parti populaire européen), du DPMŠ et du Most (qui, s’il accède au Parlement européen, siègera sûrement avec le groupe Identité et démocratie). Sur base des preuves existantes, nous pouvons nous faire une bonne idée de la priorité absolue de ces partis pour l’élection à venir : la “sécurité”.


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Pour la droite croate, la migration de réfugiés venant de régions d’Asie ou d’Afrique ravagées par la guerre, le changement climatique ou l’instabilité économique engendre essentiellement un problème de sécurité. C’est pourquoi elle a demandé l’envoi de l’armée et des forces de protection civile aux frontières avec la Bosnie-Herzégovine et la Serbie. La droite essaye également de justifier les violentes méthodes utilisées par la police ces dernières années pour “défendre” le territoire en se servant à profusion des stéréotypes sur les “migrants”.

La guerre en Ukraine et la menace russe constituent assurément un authentique problème de sécurité. Les conservateurs entendent donc mieux armer les alliés occidentaux, améliorer la coordination militaire entre les pays de l’UE, renforcer l’armée croate et réintroduire le service militaire obligatoire pour les hommes.

Au-delà du thème de la sécurité, l’impératif pour les conservateurs est de prouver aux Croates qu’ils sont les garants d’une souveraineté nationale croate durement acquise. En 2023, le Bureau du procureur général européen (BPGE) a mis le projecteur sur certains ministres corrompus membres du HDZ, tout en révélant l’inefficacité du système judiciaire croate et sa soumission au gouvernement. Le BPGE s’est donc naturellement retrouvé dans la ligne de mire des conservateurs concernant la “protection de la souveraineté” du pays.

Le conflit a atteint son paroxysme en mars 2024, lors d’un débat public houleux entre le Premier ministre croate Andrej Plenković (HDZ) et Laura Kövesi, la première procureure en chef du Parquet européen, sur la question même de la compétence du BPGE. Fraîchement élu procureur général de la Croatie, Ivan Turudić (dont la nomination, vue comme un cas d’ingérence politique dans le système judiciaire, avait été critiquée) a déclaré que la compétence du BPGE devait être abolie.

De son côté, le SDP indique vouloir axer sa campagne sur trois thèmes : l’égalité sur le plan économique, la sécurité et l’égalité en général. Le parti défend une Europe de la justice sociale, de la solidarité entre les Etats membres de l’UE, d’un meilleur système de santé, de la protection sociale et de l’éducation, de la réduction du chômage chez les jeunes, de la transparence et de la responsabilité en politique.

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